jeudi 15 décembre 2016

Venise sur Alzette aux Pays Bas.

La jeune fille à la perle

Girl with a Pearl Earring en VO
de Peter Webber ; 2003




La quasi totalité des films sur la peinture... Comment dire... ? Euh... ? Y a pas un Emmerich à regarder plutôt ?
Je les trouve généralement pénibles. Pas intéressants. Limite soporifiques. Et... il manque la petite lumière qui fait qu'on aime la Peinture et qu'on a le sentiment de mieux la comprendre après.

vers 1665
46.5 × 40 cm, huile sur toile
La Haye, Royal Picture Gallery Mauritshuis



Et il y a la Jeune Fille à la Perle.
Basé sur le roman de Tracy Chevalier.
Basé sur Vermeer.
Avec Colin Firth.
J'ai toujours pas eu le temps de lire le roman. Mais les arguments 2 et 3 sont déjà suffisants (pour les messieurs, remplacer les mots « Colin Firth » par « Scarlett Johansson », et ça fera pareil). 

Y a de l'idée dans le casting.

Mais on va laisser Colin de côté. (Parfois, c'est dur l'abstraction!)


On commence par le négatif.
Alors voilà...
Ca se passe à Delft. Ainsi, on reconnaît très bien... Venise !
Si. Venise.
Enfin non...
Cadeau de l'office du tourisme du Grand Duché.

Esch sur Alzette !
Deuxième grande ville du vénérable Grand Duché de Luxembourg. Ville au charme fou où je me rends régulièrement... Parce que la station service est à 3 km de chez moi.
(Ce qui veut donc dire que Colin Firth était à quelques km de moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! Et je ne savais paaaaaaaaaaaaaaaaas. Scusez, je vais pleurer et je reviens)



Donc, on reconnaît Venise. Récupération des décors de La Courtisane, avec Rufus Sewell (Ce qui veut donc dire que... * retourne pleurer * * A très chaudes larmes parce que quand même quoi...* * Repense au Marchand de Venise et Jo Fiennes * * va acheter tout le stock de mouchoir du carrefour market d'Audun *)
Mais je m'égare.
On reconnaît donc clairement par endroits les décors vénitiens construits à Esch à peine transformés en ville du nord. Parfois, ça dérange un peu quand même.

La Ruelle, vers 1657–1658, huile sur toile
54.3 × 44 cm
Amsterdam, Rijksmuseum Amsterdam, qui fut utilisée comme source d'inspiration pour la maison de Vermeer.


On a fini les points négatifs.

Petite vidéo making of en fair use.

Je ne connais pas suffisamment la vie de Vermeer pour noter les éventuelles incohérences. Mais ce que j'en sais colle au film. Le catholicisme, le nombre important de filles... Et aussi tous les clins d'oeil à la peinture. Avec les rapports entre les costumes qui sortent tout droit des tableaux (en particulier sur la femme de Vermeer).
Ce jeu perpétuel entre le film et la peinture est très plaisant. On en oublie Venise sur Alzette. 
Jeune fille lisant une lettre à la fenêtre, vers 1657–1659, huile sur toile,
83 × 64.5 cm
Dresden, Gemäldegalerie Alte Meister

Les décors sortent directement des tableaux. On retrouve le riche tapis sur la table, les fenêtres, le mobilier.
Le travail sur la lumière et la couleur est impeccable. Ce qu'on demande forcément à un film sur Vermeer. Parce que sinon, cela veut tout simplement dire que le film a raté son but. 

Jeune fille au verre de vin, vers 1659–1660, huile sur toile,
78 × 67 cm
Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum


Cela veut dire tout simplement que le réalisateur, et le responsable de la photo n'ont rien pigé à leur sujet. Vermeer c'est une utilisation magnifique de la lumière, des reflets, des couleurs. Et c'est dans le film. Que demander de plus ? 

La lettre d'amour, vers 1669–1670, huile sur toile
44 × 38.5 cm
Amsterdam, Rijksmuseum Amsterdam

En outre, on ne peut qu'apprécier le travail sur les plans, les ouvertures, qui renvoie directement à la peinture hollandaise. Bel hommage à ces compositions. 



En plus du très beau travail de lumière et de couleur, l'amatrice de Vermeer que je suis prend plaisir aux rappels permanents des œuvres. J'ai déjà parlé du décor, qui nous fait entrer dans les tableaux. Les personnages sont issus des créations de Vermeer, et prennent vie. C'est magique. Bref, on entre, on sort... On voyage parmi les peintures.

 
Au niveau rapports humains, le film met surtout en avant le rapport entre un peintre et son modèle. Griet, la servante, paraît bien plus sensible à l'art que la femme de Vermeer, ou sa belle-mère, qui voit surtout le côté business. On fait aussi la connaissance du principal acheteur de Vermeer. Un peu le gros balourd antipathique du coin. Mais il a le pognon, pour le plus grand bonheur de belle-maman.

Belle maman

Tout le film montre l'attraction de Vermeer pour une jeune fille qui sait percevoir les choses, qui comprend l'importance de la lumière. 
Lavage de carreaux

Jeune femme au pichet d'eau, vers 1662–1665, huile sur toile
45.7 × 40.6 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art
Marquand Collection

La femme de Vermeer, elle, passe à côté de tout. Elle ne voit dans le rapport entre son mari et la servante qu'une hypothétique attirance physique. Le côté "amour de l'art", spirituel, beauté des choses, de la nature, observation, lui échappe totalement.
Maîtresse et servante,vers 1666–1667, huile sur toile
90.2 × 78.4 cm
New York, The Frick Collection
Henry Clay Frick Bequest

Elle paraît insensible à l'art de Vermeer. Et c'est certainement là que ça bloque sérieusement. Elle est juste jalouse du lien entre Griet et son mari, et la grossesse n'arrange rien. Ce sont des femmes de sensibilités différentes. (Mais, elle n'a rien à craindre... Griet a un chéri de son âge, voyons !)

Le gros lourd de service (mais qui a les sous), et madame Vermeer.


Le rapport peintre/modèle fait du film un très beau travail sur le processus créatif, sur l'inspiration. Ce petit truc qu'on ne sait expliquer mais qui fait souvent la différence entre le grand peintre et le génie. Et c'est dans la catégorie génie que je mets évidemment Vermeer. 

Femme au collier de perles, vers 1660–1665, huile sur toile
55 × 45 cm
Berlin, Gemäldegalerie

La peinture du XVIIe siècle n'est pas celle qui m'attire le plus, mais, quand c'est le cas, c'est surtout le travail lumière/couleur qui m'appelle. Et là, c'est parfaitement compris (je me répète, j'ai l'impression). 
On a trouvé pire comme habilleuse


En dehors des costumes issus des tableaux (et de Venise sur Alzette délocalisée aux Provinces Unies), je ne peux pas trop juger les tenues. A mon humble avis, ça passe très bien. Les spécialistes y trouveront certainement à redire. Il n'y a, en tout cas, rien qui soit venu gâcher mon plaisir. J'ai cru au film du début à la fin. J'y crois toujours. On est transporté dans les tableaux, et c'est beau... Voilà. (et Colin est un plus. Mais chut!)

Toi aussi, apprends l'huile avec Colin !

Crédits photos :
film : IMDB / The Wallpaper.org, etc.
tableaux : Wikimedia Commons

Evidemment très hautement recommandé, à voir, à revoir, et à revoir encore. On ne s'en lasse pas ! C'est comme le tableau : un chef-d'oeuvre.

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