La jeune fille à la perle
Girl with a Pearl Earring en VOde Peter Webber ; 2003
La quasi totalité des films sur la peinture... Comment dire... ? Euh... ? Y a pas un Emmerich à regarder plutôt ?
Je les trouve généralement pénibles. Pas intéressants. Limite soporifiques. Et... il manque la petite lumière qui fait qu'on aime la Peinture et qu'on a le sentiment de mieux la comprendre après.
vers 1665 46.5 × 40 cm, huile sur toile La Haye, Royal Picture Gallery Mauritshuis |
Et il y a la Jeune Fille à la Perle.
Basé sur le roman de Tracy Chevalier.
Basé sur Vermeer.
Avec Colin Firth.
J'ai toujours pas eu le temps de lire le roman. Mais les arguments 2 et 3 sont déjà suffisants (pour les messieurs, remplacer les mots « Colin Firth » par « Scarlett Johansson », et ça fera pareil).
Y a de l'idée dans le casting. |
Mais on va laisser Colin de côté. (Parfois, c'est dur l'abstraction!)
On commence par le négatif.
Alors voilà...
Ca se passe à Delft. Ainsi, on reconnaît très bien... Venise !
Si. Venise.
Enfin non...
Cadeau de l'office du tourisme du Grand Duché. |
Esch sur Alzette !
Deuxième grande ville du vénérable Grand Duché de Luxembourg. Ville au charme fou où je me rends régulièrement... Parce que la station service est à 3 km de chez moi.
(Ce qui veut donc dire que Colin Firth était à quelques km de moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! Et je ne savais paaaaaaaaaaaaaaaaas. Scusez, je vais pleurer et je reviens)
Donc, on reconnaît Venise.
Récupération des décors de La Courtisane, avec Rufus Sewell (Ce
qui veut donc dire que... * retourne pleurer * * A très chaudes
larmes parce que quand même quoi...* * Repense au Marchand de Venise
et Jo Fiennes * * va acheter tout le stock de mouchoir du carrefour
market d'Audun *)
Mais je m'égare.
On reconnaît donc clairement par
endroits les décors vénitiens construits à Esch à peine
transformés en ville du nord. Parfois, ça dérange un peu quand
même.
La Ruelle, vers 1657–1658, huile sur toile 54.3 × 44 cm Amsterdam, Rijksmuseum Amsterdam, qui fut utilisée comme source d'inspiration pour la maison de Vermeer. |
On a fini les points négatifs.
Petite vidéo making of en fair use.
Je ne connais pas suffisamment la vie
de Vermeer pour noter les éventuelles incohérences. Mais ce que
j'en sais colle au film. Le catholicisme, le nombre important de
filles... Et aussi tous les clins d'oeil à la peinture. Avec les
rapports entre les costumes qui sortent tout droit des tableaux (en
particulier sur la femme de Vermeer).
Ce jeu perpétuel entre le film et la
peinture est très plaisant. On en oublie Venise sur Alzette.
Jeune fille lisant une lettre à la fenêtre, vers 1657–1659, huile sur toile, 83 × 64.5 cm Dresden, Gemäldegalerie Alte Meister |
Les décors sortent directement des tableaux. On retrouve le riche tapis sur la table, les fenêtres, le mobilier.
Le travail sur la lumière et la
couleur est impeccable. Ce qu'on demande forcément à un film sur
Vermeer. Parce que sinon, cela veut tout simplement dire que le film
a raté son but.
Jeune fille au verre de vin, vers 1659–1660, huile sur toile, 78 × 67 cm Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum |
Cela veut dire tout simplement que le réalisateur,
et le responsable de la photo n'ont rien pigé à leur sujet. Vermeer
c'est une utilisation magnifique de la lumière, des reflets, des
couleurs. Et c'est dans le film. Que demander de plus ?
La lettre d'amour, vers 1669–1670, huile sur toile 44 × 38.5 cm Amsterdam, Rijksmuseum Amsterdam |
En outre, on ne peut qu'apprécier le travail sur les plans, les ouvertures, qui renvoie directement à la peinture hollandaise. Bel hommage à ces compositions.
Au niveau rapports humains, le film met surtout en avant le rapport entre un peintre et son modèle. Griet, la servante, paraît bien plus sensible à l'art que la femme de Vermeer, ou sa belle-mère, qui voit surtout le côté business. On fait aussi la connaissance du principal acheteur de Vermeer. Un peu le gros balourd antipathique du coin. Mais il a le pognon, pour le plus grand bonheur de belle-maman.
Belle maman |
Tout le film montre l'attraction de Vermeer pour une jeune fille qui sait percevoir les choses, qui comprend l'importance de la lumière.
Lavage de carreaux |
Jeune femme au pichet d'eau, vers 1662–1665, huile sur toile 45.7 × 40.6 cm New York, The Metropolitan Museum of Art Marquand Collection |
La femme de Vermeer, elle, passe
à côté de tout. Elle ne voit dans le rapport entre son mari et la
servante qu'une hypothétique attirance physique. Le côté "amour de l'art", spirituel, beauté des choses, de la nature, observation, lui échappe totalement.
Maîtresse et servante,vers 1666–1667, huile sur toile 90.2 × 78.4 cm New York, The Frick Collection Henry Clay Frick Bequest |
Elle paraît insensible à l'art de Vermeer. Et c'est
certainement là que ça bloque sérieusement. Elle est juste jalouse du lien entre Griet et son mari, et la grossesse n'arrange rien. Ce sont des femmes de sensibilités différentes. (Mais, elle n'a rien à craindre... Griet a un chéri de son âge, voyons !)
Le gros lourd de service (mais qui a les sous), et madame Vermeer. |
Le rapport peintre/modèle fait du
film un très beau travail sur le processus créatif, sur l'inspiration. Ce petit truc
qu'on ne sait expliquer mais qui fait souvent la différence entre le
grand peintre et le génie. Et c'est dans la catégorie génie que je
mets évidemment Vermeer.
Femme au collier de perles, vers 1660–1665, huile sur toile 55 × 45 cm Berlin, Gemäldegalerie |
La peinture du XVIIe siècle n'est pas
celle qui m'attire le plus, mais, quand c'est le cas, c'est surtout
le travail lumière/couleur qui m'appelle. Et là, c'est parfaitement
compris (je me répète, j'ai l'impression).
On a trouvé pire comme habilleuse |
En dehors des costumes issus des
tableaux (et de Venise sur Alzette délocalisée aux Provinces
Unies), je ne peux pas trop juger les tenues. A mon humble avis, ça
passe très bien. Les spécialistes y trouveront certainement à
redire. Il n'y a, en tout cas, rien qui soit venu gâcher mon
plaisir. J'ai cru au film du début à la fin. J'y crois toujours. On
est transporté dans les tableaux, et c'est beau... Voilà. (et Colin
est un plus. Mais chut!)
Toi aussi, apprends l'huile avec Colin ! |
Crédits photos :
film : IMDB / The Wallpaper.org, etc.
tableaux : Wikimedia Commons
Evidemment très hautement recommandé, à voir, à revoir, et à revoir encore. On ne s'en lasse pas ! C'est comme le tableau : un chef-d'oeuvre.
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