mardi 26 mai 2020

COSTUME MEDIEVAL

DE BONNES ET SAINES LECTURES
Des livres utiles pour les costumes. 4.

 
Le Bas Moyen Age
 
Chaussette ! La période où on a le plus de bouquins... La plus travaillée, surtout en France mais pas que, etc. 

Là, il y a de la lecture, c'est certain. On a déjà vu que pas mal de bouquins supposés généralistes sur le costume médiéval se focalisaient essentiellement sur cette période. On ne va pas revenir sur ceux là. Je vous renvoie au premier épisode. 
Téléportation premier article sur la bibliographie.
En tout cas, ces livres généralistes se révèlent être souvent des ouvrages fondamentaux... Et du coup, ça permet de limiter cette liste-ci. Pour laquelle je me doute bien que certains auront des choses à ajouter (Oui, toi là-bas, dans le fond, je t'ai vu ! Pas la peine de te planquer dans ta houppelande !)
Je pense que ma liste n'apportera pas énormément à ceux qui sont déjà habitués à cette période. 
 
Il y a vraiment beaucoup de choses. J'ai fait un choix, donc. On est généralement dans du très abordable financièrement parlant. C'est aussi une période pour laquelle on va trouver pas mal de publications de comptes, d'inventaires, de lois somptuaires (là, comme ce sont des ouvrages plus spécialisés, les prix montent, hélas. Mais les Indiens impriment aussi les vieux recueils de comptes qui ont été publiés au XIXe et sont maintenant dans le domaine public, recueils qu'on peut trouver sur le net, également). Il faut faire très attention aux statuts, aux régions. 
Les gros bouquins de fouilles, Londres, Prague, Groenland, ça tourne surtout autour de cette période. Y a de la source !

Et en prime, on a des images qui flirtent souvent avec le réalisme (mais pas toujours, donc, ouvrez l'oeil).

On a également une belle césure avec la Peste Noire, qui va avoir un impact fort sur les mentalités, et sur l'habillement. Vous voulez du bling ? Vous pourrez en avoir ! C'est une mode qui change totalement, et ce depuis 1320. Ca va en s'accélérant. Bonjour les excentricités. 

On a un maximum d'infos. Normalement, pour rater son costume, faut pratiquement le faire exprès. 


Comme toujours je vous renvoie aux périodiques :
Moyen Âge ; Medieval Clothing and Textiles

Les incontournables. Vous connaissez la musique. 

Voir aussi les vieux numéros d'Histoire et Images Médiévales, en particulier les articles de Marie De Rasse. Qualité assurée !

Allez, c'est parti !

 Adrien Harmand, Jeanne d'Arc: Ses costumes, son armure: Essai de reconstitution, Librairie E. Leroux, Paris, 1929. Plus tout jeune. Il y a des choses à revoir totalement, d'autres qui peuvent encore servir. Des termes mal traduits (oh ben ça alors...). Ca reste un livre à consulter, mais pour public averti, histoire d'éviter des boulettes en lui faisant trop confiance. Français Se trouve à moins de 100 euros.






Stella Mary Newton, Fashion in the Age of the Black Prince: A Study of the Years 1340-1365,
The Boydell Press, Woodbridge, 1980. C'est marrant, au final, les livres concernant le bas Moyen Âge sont surtout axés sur la fin XIVe et le XVe (on est dans un entonnoir... enfin, un entonnoir qui n'hésite pas à aller se balader dans le début du XVIe). Du coup, pour trouver un ouvrage qui se concentre principalement sur le XIVe, faut se lever tôt. En 1980, quoi. Comme tous les autres, on peut aussi en profiter pour savoir ce qui se portait avant ou après les époques sur lesquelles on travaille. Ca aide à voir les spécificités de chaque période.
Anglais disponible à moins de 15 euros en occase.

Margaret Scott, Late Gothic Europe 1400-1500, History of Dress Series, Mills & Boon Ltd (1980). J'ai enfin fini par l'avoir. Et je comprends mieux le buzz autour de ce pavé. Un siècle de costume dans un gros volume, paru il y a quarante ans. Forcément, on va y trouver à redire. Néanmoins, ça reste une somme. Défaut principal : pourquoi dire "Europe" quand un pays entier est pratiquement zappé ? C'est vrai qu'il y aurait de quoi faire un autre bou... Ah, on me chuchote dans l'oreillette que l'Italie 1400-1500 a effectivement un volume qui lui est consacré (par une autre autrice). Je chipote, mais ça me chatouille toujours ce genre de titre trompeur. Parce qu'en prime, selon les régions et les dates, la mode italienne peut se rapprocher de la mode du Nord. Pour bifurquer totalement à un moment, c'est vrai. Mais... voilà. Après ce chipotage d'une mauvaise foi incroyable... C'est un vraiment un ouvrage de référence, richement illustré, avec études approfondies d'après les connaissances du temps. Qui a le mérite d'être très utile pour les historiens de l'art qui ont besoin d'en savoir un peu plus sur le costume. Anglais Compter une cinquantaine d'euros.

Margaret Scott, Visual History of Costume: Fourteenth and Fifteenth Centuries, Hardcover  Batsford Ltd, Londres, 1986. Plus léger que l'autre. Un ouvrage qui se base sur l'iconographie : enlu, sculptures... Forcément, à un moment, ça peut coincer. Parce que quand j'écris "qui se base sur", il faut ajouter une "uniquement" quelque part. On a une intro, quand même, mais ça ne suffit pas. Ceci dit, la présentation est assez bien faite. Chaque oeuvre est expliquée très vite. Tête, corps, accessoires, le tout précédé d'une petite note sur l'oeuvre, le personnage représenté, etc. Intéressant pour débuter, mais quand on en demande un peu plus, on arrive très vite aux limites du traitement (sans parler du risque de la source imagée, même si Margaret Scott en connait un rayon en iconographie médiévale. On a avancé depuis la parution du livre). Anglais disponible à moins de 35 euros en occase.

Agnes Geijer, Drottning Margaretas gyllene kjortel i Uppsala domkyrka : The golden gown of Queen Margareta in Uppsala Cathedral, Kungl. Vitterhets Historie och Antikvitets Akademien (1994). Un livre en suédois ! Je vous avais pas encore fait le coup ! Ca y est, c'est fait. Pas peur, il y a des résumés conséquents en anglais. Même si le livre est avant tout une monographie, consacrée à la robe dite de Margaret, l'un des rares vêtements en drap d'or qu'on a conservé (et, plutôt pas mal pour celui là), il y a un réel travail de contextualisation (c'est du Geijer, quand même. Ca compte). Et aussi une petite enquête policière pour savoir qui a bien pu porter cela. On ne se laisse pas impressionner par cette histoire de langue. Et on le prend. Si on le trouve. Suédois Anglais Une trentaine d'euros en occase.


J'ai honte... Mais bon, culture burgonde...
Sophie Jolivet, Pour soi vêtir honnêtement à la cour de monseigneur le duc de Bourgogne, thèse de doctorat, université de Bourgogne, 2003. à lire ici  La thèse de doctorat à lire absolument pour avoir une idée de ce qui se portait chez les pécores de Bourgogne. Travail de recherche très complet, qui permet de découvrir plein de choses, permet d'imaginer le luxe de la cour bourguignonne. Accessible en ligne, en prime. Bref, un indispensable. Français dispo en ligne, donc, gratuit. Vous pouvez la faire imprimer aussi.

Christine Descatoire et. al, Trésors de la Peste Noire, Erfurt et Colmar, catalogue d'exposition, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 2007. Normalement, je garde ce genre de bouquin pour un article spécial accessoires qui rendent beau (et belle), mais ce livre concerne une période très spécifique, le milieu du XIVe, du coup, soyons fou, je le mets avec le reste. Un excellent catalogue, plein de jolies choses. Mais ne jamais perdre de vue qu'il y a des objets spécifiques aux Juifs... Français € 15 en occase.

 



Florent Véniel, Le Costume médiéval de 1320 à 1480, Heimdal, Bayeux, 2008. Livre généraliste sur la période, avec des patrons. Toujours utile. Pas mal de photos de reconstitution. Il y a quelques petites choses à revoir. C'est un excellent reflet de l'état des connaissances avant 2010. Français épuisé, difficilement trouvable. Mais... (clin d'oeil soutenu) Allez, j'avoue : en cours de réédition (revu et corrigé par mapomme). Donc, mis à jour ! Champagne ! (Devrait sortir en novembre).






Maria Giuseppina MuzzarelliGuardaroba medievale. Vesti e società dal XIII al XVI secolo, Il Mulino, Bologne, 2008. L'une des grandes spécialistes du costume italien de la fin du Moyen Age, et surtout du costume de Bologne. Très peu de XIIIe. On a une bonne idée du travail des tailleurs de l'époque, des données économiques. Un livre qui permet de découvrir l'enjeu du vêtement en Italie. Très sérieux. Vous pouvez acheter les livres de la prof. Muzzarelli les yeux fermés. Italien moins de 15 euros si acheté en Italie...

François Epinard, Nadège Gauffre Fayolle, Christian Monteil, Pourpoint, Mantel et Chaperon, se vêtir à la cour de Savoie, Silvana Editoriale, Milan, 2015. Un petit livre autour d'une expo qui nous rappelle qu'il n'y a pas que la cour de Bourgogne, celle de France, ou celle d'Angleterre. Bref, on s'attaque là aux comptes de Savoie. Ca permet de noter quelques particularités puisque l'Italie n'est pas loin. Un bon petit investissement. C'est vraiment bien de voir d'autres choses. Ce livre concerne la période 1300-1450. Français Problème de disponibilité en ce moment, vaut moins de 15 euros, neuf. 

 

John S. Lee, Medieval clothierBoydell Press (2018). Ouvrage plus porté sur les drapiers, et sur l'Angleterre. Donc, très spécialisé. Il permet de comprendre comment ils étaient considérés dans la société, comment s'organisait la production, et limite comment est né le capitalisme. Rien que ça. Petit problème... Une bibliographie uniquement en langue anglaise. C'est un peu fort de café de zapper les travaux de Cardon... Anglais Neuf, £25, e-book £20.

 

 

On doit encore causer tissus, accessoires... 

En gros, on n'a pas fini de dépenser des sous ou de se précipiter à la bibliothèque...

 

 Ceux qui ont compris la vanne méga pourrie au début auront droit à un autre calembour, dédicacé.
 

dimanche 24 mai 2020

RECONSTITUTION

LADY CASTEL, Soyez Histo sur vous
Du bon usage des gants



Très heureuse de vous savoir là, fidèles au rendez-vous. Je sais ce qui vous préoccupe en ce moment, votre nombreux courrier en témoigne.

"Il me faut absolument accessoiriser ma tenue avec une paire de gants.
Mais je ne sais que choisir... Que choisir pour ne pas passer pour une riche pécore au lieu de la noble dame élégante que je suis ?"

On les voit trop peu, mais pourtant, ils doivent être dans toutes les garde-robes des membres de la noblesse et de ceux qui essaient de les imiter.
Evidemment, on ne va pas parler ici des gants pour s'occuper de la vigne ou pour faire la vaisselle. Nous allons plutôt évoquer ceux pour la bonne société.  
Le gant devient un accessoire totalement in-dis-pen-sa-ble à partir du XIVe siècle. Ceci dit, c'est documenté bien avant. XIIe, on sait que ça se porte, mais ça a l'air rare. XIIIe, on a déjà plus d'informations. Ca devient d'un usage assez courant dans la noblesse (on met le haut clergé à part, eux, ce sont de grands consommateurs). La plupart des règles dont on dispose renvoient aux siècles suivants.
Gants et gants
Car oui, il ne faut pas l'oublier, on ne met pas des gants de communiante pour se faire une piste noire. Chaque type de gant a son usage, et chaque circonstance risque de demander des gants différents. 
Il y a les gants pour
Faire du cheval
Faire du cheval avec un faucon
Faire du cheval avec un vrai 
Faire mumuse avec son faucon sans le cheval
Aller en ville
Aller à l'église
Se faire couronner
Distribuer des baffes 
Se faire remplacer
Décliner son identité
Exemple de gant multitâche : regalia, couronnement, machine à baffes (laisse de jolies incrustations sur la joue du baffé)
Alors, dans cette liste, il y a des gants qui peuvent servir à plusieurs usages. 
Pour la distribution de baffes, tout va. Mais le gantelet métal reste le plus efficace quand on est face à quelqu'un qui en mérite des bonnes. 
Si vous n'avez pas de gantelet métal, vous pouvez utiliser le gant de fauconnerie. 
Vous pouvez aussi utiliser cette méthode pour protéger vos mimines.

La faute de goût, elle n'est jamais loin. 
Parce que dans la petite liste du haut, il y a des pièges !
C'est parti pour quelques conseils élémentaires.

Comment sont-ils ?
Matières nobles, bien sûr.
Peau de cerf, ou autres cuirs d'une grande finesse. Le chevreau, ça va bien. Le chamois, chava pour moi, mais surtout à partir de la fin du XIVe. On peut ajouter le lièvre, ou encore le chevrotin (vers 1350). Le louveteau, le chien, ça se porte aussi. Le gant chevrotin dehors, chien en doublure, c'est top.
Pour des gants classes, le chevrotin.
Et on peut évidemment les teinter. 
Cousus (on ne s'attardera pas sur les gants du clergé, là, c'est autre chose).
Du lin, de la soie, de la laine...
Le gant en écarlate à l'extérieur, ça existe, mais c'est rare. Ca se double de martre, par exemple. En règle générale, le gant de laine reste exceptionnel. On est plus sur de l'animal mort que sur du tondu. Il semblerait que le gant de laine serve pour le jeu de paume.
On a des moufles (au sens actuel) tricotées au XVe... mais, c'est sûrement pour du pécore. 
On peut les doubler, en tissu ou en fourrure. La doublure fourrure, ça peut servir en hiver. Mais attention, une petite fourrure fine qui saura tenir votre mimine au chaud sans transformer le gant en machine à baffe (le gant de fauconnerie ou le gant mapa, c'est plus efficace, comme machine à baffe, rappelons-le. Ou les regalia, si vous voulez faire grande impression). Pour certains usages, une fourrure plus solide sera demandée. Ca se complique. 
Castors ou louveteaux, toujours prêts pour vous ganter
Parmi les doublures, on va encore trouver de l'écarlate, ou du cuir de louveteau.  La martre était avant tout utilisée pour doubler les gants avant de devenir une fourrure méga fashion durant la seconde moitié du XIVe.
Notons que la doublure n'est pas une obligation. Le gant non doublé se dit "sengle".
Vous pouvez les broder, mais, évitez un décor genre l'Iliade sur la main gauche et l'Odyssée sur la droite. Il faut rester classe et distingué et éviter le bling, dont la notion est fluctuante, selon les époques et les supports. 
C'est clâsse, mais pas au Moyen Âge.
On peut y mettre ses armoiries, mais, si vous voulez passer inaperçu, il vaut mieux ne pas les porter, ou éviter de les confier à un écuyer limité du cervelet comme celui de Richard Coeur de Lion, qui a rien trouvé de mieux qu'à afficher les armoiries du roi d'Angleterre pendant qu'ils essayaient de passer en furtif en terrain ennemi. Ils ont été contents, les Anglais, de payer la rançon aux Autrichiens, tiens. Doué le petit personnel... 

La moufle, parlons-en
Les joies des termes médiévaux. La moufle que l'on va croiser dans les listes médiévales, serait peut-être plus une mitaine, et elle serait looooongue... Et ne se vend pas par paire. D'après les infos dont on dispose (les fourrures qui les doublent), certaines pourraient monter jusque bien au dessus du coude. La matière de base est le cuir (cerf, chamois). Parfois, on utilise le bièvre (castor) qui est la fourrure la plus solide... Et... tenez vous bien... Poils à l'extérieur ! Si ! Ca donne un côté sauvage. Du coup, on a de la fourrure doublée de fourrure. Avec des cas où, entre les fourrures, on a du cuir. Le sandwich chamois entre une tranche de bièvre et une de martre. Un régal. 
Parfait pour le sandwich
Attention ! Seule la moufle se porte avec la fourrure en extérieur. Pas le gant !
Rien qu'avec ces infos, on se doute que c'est pas un accessoire de pécore. Le hic, c'est qu'on sait pas trop à quels usages étaient destinées ces moufles. Tout ce qu'on sait, c'est que ça courrait quand même pas les rues de la noblesse. 
 Juste que ça a existé. A noter que c'est quand même la pièce de vêtement qui, pour sa surface, est la plus chère... 
Dommage qu'on n'en sache pas plus à son sujet. Ces enlumineurs, ils ne sont jamais là quand on a besoin d'eux ! 
Comme si on n'avait que ça à faire...
Le gant de fauconnerie, 
pour éviter d'en faire des vraies 
Commençons direct par un cas particulier.
On va pas y aller par quatre chemins. La quasi totalité des gants de fauconnerie représentés dans les enlus, c'est de la frime ! C'est juste pour faire joli sur l'image. 
On met un gant et un faucon. A moins d'être complétement crétin, on comprend que le gant est un gant de fauconnerie. 
Ca va ? Tout le monde a compris que c'est pas pour tailler les rosiers ?
Et des trucs comme ça, vous allez en avoir plein les calendriers, représentations des mois, des signes astrologiques (j'espère que c'est clair en détaillant) ou des images de nobles en goguette. 
Ca marche aussi pour les sculptures, mais on est toujours dans un calendrier, là... On remarque que c'est plus long d'un côté. Coïncidence ?
Alors, on rappelle les fondamentaux sur les enlus (ou les ivoires, qui sont aussi des petits objets) :
Les enlus, c'est souvent petit... Du coup...  ?

Du coup, soit on va agrandir le détail qui donne des infos, soit on va pas le surcharger. Parce que sinon, on n'arrive plus à bien le lire.

Comme un enfant... Comme un roseau... Envole toi... Petit oiseau... Non je ne suis pas, soldat de la vie...
Tant qu'on arrive à voir à quoi il sert, c'est pas la peine de se perdre dans les détails. Tout le monde comprend que si vous avez un bellâtre à cheval avec un gant et un faucon, le gant est un gant de fauconnerie.  
C'est  même pas la peine de faire un cours sur ce à quoi pouvait bien ressembler un gant de fauconnerie. Les destinataires des ouvrages enluminés le savaient parfaitement. Ils avaient juste besoin d'un petit indice, et après, ils complétaient les lacunes du peintre. 
L'équivalent médiéval du Kéké qui met pas la ceinture pour épater la nana qui est montée avec lui.
Et si les petits gantounets tout jolis étaient de vrais gants de fauconnerie, je vous dis pas la dégaine de la chose après une partie de chasse. Totalement lacérés, jetables, comme la main qui était dedans (sauf que elle, on évite de la jeter. Les prothèses, ça revient cher à la longue).

C'est quand même autre chose, un vrai.
Après, on a quand même quelques manuscrits qui vont présenter des gants un peu plus réalistes. Oh ben ça alors. Ce sont des ouvrages spécialisés sur les cuis-cuis. Ouais, là, on a affaire à des connaisseurs. On déconne pas. Ou alors, on est passé à la taille au dessus, niveau oeuvre. 
Y a du cuir pour protéger...
Ne pas oublier aussi que plus on avance dans le temps, plus ça va devenir réaliste. Quand on additionne plusieurs facteurs, ça peut ressembler à du vrai... 
Là aussi, y a de la matière...
On peut trouver l'appellation "gant senestre" pour désigner cet objet (on se demande bien pourquoi), ou encore "gant à fauconnier".  Il peut être fourré de gris, d'hermine, de martre. Les tailles peuvent varier. C'est pas forcément XXL. On a du L (mais pas de M). On croise d'ailleurs l'appellation de "petit gant". On pourrait envisager que le petit gant est le gant de droite. Mais cela reste de l'ordre de la supposition. Néanmoins, comme disait Cléopâtre, on voit bien sur les sources qui ont un certain sens de l'échelle qu'il y en a un qui est un chouïa plus grand que l'autre (et donc un qui est un tantinet plus petit que l'autre, pour ceux qui suivent pas dans le fond).
En fait, mes petits choupis, les gants, c'est du prestige. Le faucon aussi. Alors les deux ensemble, pas besoin de vous faire un dessin. Y en a déjà plein. Ca vous pose un noble. 
Y a pas la place sur l'image.

Ne pas se tromper
Le gant, c'est fin, c'est délicat, c'est une seconde peau. On prend les matières les plus nobles pour épouser parfaitement la forme de votre main douce et blanche. 
Et on ne prend pas les mêmes à cheval et en ville. 
En ville, préférez un petit gant qui couvre à peine le poignet. Blanc, de préférence, pour rendre hommage à votre carnation d'albâtre, marque de votre statut. 
Je suis clâsse avec mes petits gants
Z'avez pas été tailler le rosier, quoi. Vous faites faire le boulot par les autres. Soyez une reine, que diantre. Donnez les ordres et soyez une chaise.
A cheval, des gants un peu plus longs, c'est très bien. Un peu de couleur, peut-être... Mais restez toujours dans des matières nobles, et des coupes qui savent mettre en valeur la finesse de ce qui vous sert avant tout à porter vos bagues. 
Un bleu très élégant (oui, les Italiens XIVe, ça peut aider pour voir les objets)
On ne va pas exagérer la longueur ou l'ampleur, surtout chez les dames. L'effet gant mapa, ce n'est pas vraiment souhaité. Ca, vous laissez pour la vaisselle. Mais vous ne faites pas la vaisselle. Donc, c'est pour la bonniche.
Type de gant à éviter, quelle que soit la matière.
Ce type de gant, très m-as-tu-vu, raide, avec des poignets imposants, finira bien par être à la mode, mais vous laissez ça à vos descendants, ils en auront besoin d'ici quelques siècles.
Pour le Moyen Âge, surtout classique... Ca va pas du tout ! Mais pour ces messieurs qui en font souvent un peu plus, on peut trouver un modèle plus imposant. Ne vous trompez pas de garde-robe !
Modèle homme. Notez cependant la souplesse du matériau.
Mais, me direz-vous, sur les enlus on voit bien que...
Taratata ! La réponse est dans la remarque "sur les enlus". Et là, on retourne chercher quelque part tout ce qui est dit sur la taille des objets dans les enlus, et sur le rôle social des gants. 
Si vous additionnez les deux idées, vous devez normalement comprendre pourquoi il y a insistance sur les gants. Parce que c'est important, et qu'on doit les voir. La chose est aussi possible sur certaines sculptures, selon l'endroit où elles sont placées. Il faut que ça reste lisible. Donc, les gants mapas, on oublie. C'est clair ? 

Déjà, ça manque de souplesse. Le gant n'est pas un objet rigide.
Eventuellement, si vraiment vous insistez, ça peut faire une belle machine à baffe. Mais, ça s'arrête là. C'est la première faute de goût. En fait, ce type de gant, c'est bien pour l'autobaffage.
Sachez porter vos gants
Pour l'église, vous oubliez. On peut accepter si vous faites partie du clergé. Si vous vous faites couronner. Ca fait partie des regalia, quand même.
Pour le reste...
Je suis le roi d'Angleterre, et je fais ce que je veux avec mes gants
Ah si, on a eu des nervous poo-poos parce que le roi d'Angleterre, il veut aller à l'église avec ses gants. Déjà qu'ils collectionnent les excommunications comme d'autres enfilent les perles... D'ici à ce qu'ils nous fassent une scission définitive avec le pape... Y a pas loin.  
S'il faut trancher, je suis toujours là !
L'astuce c'est qu'en fait, on ne porte pas vraiment ses gants... Enfin si... Un. 
Juste le gauche, et on a le gant droit dans la main gauche. Ca permet de montrer qu'on a la main droite blanche, pas caleuse. Bref, la main qui travaille chez la majorité des gens, mais ce n'est pas votre cas, est dans un état impeccable, parce que, justement, vous vous servez pas trop de la mimine (enfin, en dehors de la couture, la broderie, ou l'épée). 
Elle est ainsi douce, propre, parfaite. Comme vous, évidemment.
Sinon, on peut mettre les gants à la ceinture, ou à la ceinture d'un serviteur (comme on l'a vu, c'est pas toujours une idée de génie. Pensez à penser). Il y aurait aussi des accessoires pour les accrocher, mais... c'est peut-être limité géographiquement, donc, méfiance quand même. A vérifier.
Rare document d'un "reconstitueur" ayant vu un objet inédit et voulant à tout prix être le premier à l'avoir pour satisfaire son ego sans se soucier du contexte parce qu'il faut avant tout être le premier à l'avoir pour satisfaire son ego.
Le gant peut faire un joli cadeau. On offre sa main, autrement dit. Et si on veut rompre, il n'y a qu'à réclamer le gant jadis offert. Et quand il y a eu rupture, c'est très malpoli de ne pas rendre un gant offert.
Si vous portez vos deux gants, attention, on enlève d'abord le droit. Mais n'oubliez pas d'ôter vos bagues auparavant, petits étourdis ! Car oui, il faut porter ses bagues sur les gants. C'est mieux.  
Au XVIe, on a trouvé une combine, mais, ça n'empêche pas d'en mettre au dessus, en plus de ceux du dessous. Je vous dis pas la manoeuvre !
Et les bonnes manières sont quand même strictes en ce qui concerne les gants. On ne touche pas quelqu'un avec la main gantée (sauf si on est émotionnellement perturbé. Ca arrive. Ou dans un geste de protection). Quand vous avez l'intention de toucher quelqu'un, ne pas être pressé, le temps de tout enlever. 

Et surtout, surtout, surtout... Ne perdez pas vos gants ! C'est la poisse ! Et ne les prêtez pas ! Quand on enfile les gants de quelqu'un d'autre, on devine ses pensées. Non mais quelle horreur ! 
Flagrant délit de lecture de pensées (mais il ne pourra pas aller jusqu'au bout)
Si vous voulez protéger un subalterne, ou bien préciser que vous êtes l'envoyeur d'un message, confiez votre gant. C'est un gage de confiance, une mesure de protection. Mais, faut juste que la personne à qui vous avez confié votre gant ne s'amuse pas à l'enfiler.

Si vous êtes mort, n'oubliez pas vos gants. Soit vous les portez, soit vous les tenez dans votre main droite. Ca vous servira de pièce d'identité pour entrer au Paradis. C'est toujours bon à savoir.  Mettez des gants blancs, puisqu'il faut montrer patte blanche.
Hop, j'ai mes gants sur mon gisant... Mais quelqu'un a piqué ce qui brillait...
A propos d'identité, si vous vous faites porter pâle, vous pouvez envoyer votre gant vous représenter. Il sera traité avec autant d'honneur que votre personne, et celui ou celle qui est chargé du gant fera vos devoirs à votre place. Mais, ne pas en abuser quand même. Si on vous demande de venir, impérativement, genre, le pape, et que vous envoyez votre gant... C'est comme si vous filiez une baffe... Demandez à Jean Que Dalle. 
(Décidément, les rois d'Angleterre et les gants, c'est que des aventures.)

Et n'oubliez pas, on a rarement une seule paire de gants. Quand on est du beau monde, il faut de quoi se changer.
"Les gants, j'en commande une douzaine d'un coup, pour moi et ma fille. Non mais, faut faire preuve de prudence. On a déjà eu des tas de problèmes dans la famille avec les gants... Tonton, Papa... même que mon neveu ne veut pas les retirer pour aller à la messe..."
On a carrément des fétichistes des gants, des gens qui les collectionnent, des gens qui en sont fous.
















269 paires. Là, on leur met la raclée aux Anglais !







Et ne pas s'imaginer que ce sont les femmes qui en portent le plus...
43 paires seulement. Mon royal époux ne pense qu'à lui.
L'avis de 
 1277

vi paire de ganz fourrez et xii dozenes de ganz sanglés et vi dozenes pour dames

On évite de causer des gants à trois doigts, des mitaines, et autres choses qui ne sont pas de notre rang. Le gant, un objet pour tous, à savoir utiliser correctement.
Et surtout, ne jetez pas vos gants n'importe où. 


Salut les Reconsts !