mercredi 20 avril 2022

RECONSTITUTION

LADY CASTEL, soyez histo sur vous

Problèmes capillaires 2

Barbe au long court

Et me revoilà, ravie de vous retrouver. Et donc, je vais m'occuper de ce qui vous chiffonne en ce moment. On poursuit sur les joies de la capilliculture masculine. 

Nan, mais sans déconner ? Enfer pour cause de frange trop longue ?

On reprend là où on s'est arrêté. Avec des considérations plus pratiques.

N'oublions pas... Les Vikings prenaient soin de leur chevelure. Au plus grand dam des Saxons (mais pour le plus grand bonheur des dames Saxonnes). Là aussi, faut pas trop déconner.

Long, court, tout est rela'tif

Jamais sans mon fer à friser !
C'est là que ça se capillotracte de compète... Mais on peut repérer certaines tendances. Pour le XIIIe siècle, les cheveux arrivent aux épaules et sont dorelotés. Avec un fer à friser. Et une petite frange, dorelotée elle aussi. Une fois que tout est frisé, ça remonte, forcément, mi-cou. Mais certains assument des cheveux bien plus longs. Ca, c'est pour les nobles. 

On note que ça dépasse de la coiffe, sur l'arrière. Et il y a du volume en dessous. Comme pour la Bribri, la cale ne doit pas servir de cache-misère. Faut quelque chose en dessous.
Pour les paysans, finalement, on observe la même chose, mais en un peu plus court. Pas de cheveux coupés ras, ou d'oreilles dégagées (on sait pourquoi !). Les cheveux ras, les oreilles dégagées, la nuque bien clean, c'est vraiment pour le plus bas que tout. Galère, quoi...

Marmouset nous permettant d'observer comment s'organise la frange XIIIe. C'est bien aimable à lui.

Bref, la coupe paysanne, je dirais que c'est court, selon mes goûts, mais en fait, non... ça couvre une bonne partie de la tête. 

Et, par rapport au XIIe et à certaines modes XIVe (ne parlons pas d'Albreeeeechhhhhhtttt -petits coeurs), le XIIIe, c'est court. Très court. Mais c'est long par rapport à maintenant ou à la coupe ronde du XVe.  

La littérature insiste régulièrement sur la beauté des boucles blondes du héros, mais, c'est la littérature. Elle a ses stéréotypes. Justement, le héros a de longues boucles blondes. 

Hiiiiii ! Un Héros !!! Vous marinez chez vos harengs ?

Le court, c'est quand la nuque est bien dégagée, les oreilles itou... Quand les cheveux font pas de mèches. Les coiffures à la mode en ce moment, c'est même pas la peine d'y penser. Au Moyen Âge, ça passait pas. 

MAIS NOOOOOON ! Vous voyez pas la différence avec le canon gars du dessus ??? Vous espérez vraiment pouvoir passer pour un monsieur du XIIIe ? Arrondissement, oui (et encore, pour cette année). Mais siècle. JA-MAIS !

La barbe

 Ouh la. Là aussi, c'est compliqué, mais je vais essayer de pas être trop rasoir. Déjà qu'on va voir que ça contrarie un paquet de vieux barbons.

Moïse n'a pas pu venir, donc David le remplace.

A la base, c'est une marque de force et de virilité (entre autres chez saint Augustin). Dans le clergé oriental, la barbe est de rigueur. Référence à Moïse, etc. Et c'est toujours le cas.

Petite fête byzantine, avec popes, patriarche, etc. C'est plein de barbus.
 En Occident... Ca dépend des moments (Consultez notre sponsor habituel. Merci).

Hirsute

Ca part dans tous les sens, et c'est pas bien. Et l'autre, devant, avec ses deux longueurs de cheveux... Ca donne un genre ?
La barbe hirsute, comme les cheveux, ça le fait pas trop. Même pas du tout. C'est bon pour les larrons, les méchants, les bourreaux du Christ, les vagabonds, les exclus, les mauvais chrétiens. Vous voyez le tableau. Quand ces messieurs sont barbus (réellement, pas comme signe iconographique de la sagesse, d'un personnage ancien, ou plus âgé), la barbe est très soignée. Et plutôt courte. 


Henri II (du Saint Empire) version XIIIe. Klasse impériale
 

Quand c'est long, c'est souvent en pointe, ou en deux pointes. Bien peigné, cela va sans dire.

Célèbre philosophe ayant laissé sa sagesse au vestiaire. Mais il garde une barbe bien taillée.

Problèmes de rasoirs

Il convient de rappeler que le rasage n'était pas aussi courant et précis que maintenant. Les barbes de 3 jours, d'une semaine... Ca devait être assez fréquent. La barbe est considérée comme plus douce que le visage rasé quand il s'agit de se faire des bisous (ça pique moins. Et, si vous vous posez la question, oui, c'est l'un des reproches faits aux barbus par le clergé, en fait, la barbe, c'est un truc pour plus embrasser, donc, ça détourne de la voie sacrée. C'est encore la faute des femmes.). 

Fréquence du rasage pour un saint franciscain ?

Henri Platelle, dans son article "Le Problème du scandale", consacré aux barbes et cheveux (et un peu aux fringues) aux XIe et XIIe siècles, rappelle que pour les moines, le rasage, c'était tous les 15 jours, et encore, ça dépend des ordres et des moments de l'année, ou du prieur (je résume toujours). C'est un peu à la tête du client. 

Clairsemée

Une barbe clairsemée, c'est pas bien non plus. C'est efféminé. 

Barbatruc !
Astuce beauté : frictionner la région avec de l'abrotonum ou de la pierre ponce, comme on le fait avec le parchemin (recette d'époque fin XIIIe début XIVe, Henri de Mondeville). (NB : ne marche pas pour les eunuques)

Entretenue

La barbe bien entretenue, ça reste un must. Faut pas faire négligé. Faut pas laisser de trous. Faut bien la peigner, et que ce soit égalisé, symétrique. Sinon, on a l'hair d'un zinzin.

Mauvais pour l'estime de soi, ça...
Faut pas oublier, pour en revenir à la Bible, que les messagers de David ont été humiliés par les Ammonites en ayant les tuniques coupées jusqu'aux fesses, et les barbes à moitié rasées. (On leur a conseillé de se planquer un peu, le temps que ça repousse). C'est considéré comme une castration symbolique. 

Ca aussi, mauvais pour l'estime de soi... British Library, Egerton 881 f. 128v (Photo BL)
Et ça renvoie à Samson se faisant couper les cheveux par Dalila, qui serait une autre castration symbolique. 

Barbouzes

Des particularités locales apparaissent. La barbe pas trop bien entretenue, en Angleterre, apparait comme un moyen de contestation de la conquête normande par les locaux. Les Normands, et leurs descendants Plantagenêt aiment les barbes bien proprettes. Cette pratique durerait jusqu'à la fin du XIIe (quand la mode de la barbe disparait...) La barbe apparemment négligée des Anglais envoyait un message politique. 

Homme sauvage, début XIVe. Psautier de la reine Marie, British Library, Royal 2 B VII f. 173 (Photo BL)
Et puis, la barbe fouillis, ça renvoie à l'homme sauvage. Et l'homme sauvage, c'est pas bien. C'est pas un civilisé. C'est un truc tout plein de poils (parfois imberbe, mais c'est velu). Surtout aux XIIe et XIIIe siècles. On note cependant une évolution dans la perception de l'homme sauvage. De créature brutale et désespérante (démoniaque chez les carolingiens), il devient le symbole de la créature qu'on peut humaniser. (Conseil lecture : Florent Pouvreau, Du Poil et de la bête, sur la question de l'homme sauvage.)

Homme sauvage XVe, un peu moins sauvage.
Si certains peuvent porter la barbe même quand ça ne se fait pas (pénitents, ermites, pèlerins), ils ont  une barbe vaguement ordonnée. Les prisonniers, eux, non. Mais ils sont pas des gentils.

Des fois qu'on comprenne pas qui est le méchant dans l'image... British Library, Royal 10 E IV f. 206v (Photo BL)
 

Rafraichissement : avant le XIe

Très vite fait...

Chez les méros, nobles, les cheveux longs s'imposent. Marque de noblesse, de force, tout ça.

Empereur byzantin qui passait par là, et ça tombe bien.

Avec la christianisation, ça commence à diminuer. On semble avoir une influence des coupes byzantines. Genre Mireille Mathieu, mais qui chante pas, et qui n'a pas l'accent qu'on attrape en naissant du côté de Marseille, peuch'hair.

Ils ont plutôt l'accent qu'on attrape en naissant du côté de Phocée. Et ils n'ont pas fait de duo avec Bobby de Dallas. Cette coiffure historique part du centre de la tête, et ça va sur tous les côtés. Ca doit pouvoir se faire avec un balais o'cedar, finalement. Si on coupe le manche, ça va.

Empereur carolingien à moustache.
En prime, on a des périodes où la moustache a le vent en poupe. Ce qui va durer dans certaines parties d'Europe. Le Xe siècle semble apprécier la barbe, aussi... (les curés râlent, parce que c'était leur truc, du coup, ils se rasent...)

Sceau d'Othon Ier, d'époque. Avec barbichette.

 
Les coiffures courtes dans les faits

Norme début XIe. L'empereur Henri II, 1002-14, Munich BSB Clm 4456, 33c
Comme dit plus haut... C'est quoi, court ? Les cheveux ont quand même une petite longueur, même si ça ne va pas toujours très bas dans la nuque. On a eu pourtant des modes courtes. Tout début XIe, les Aquitains qui ont débarqué à la cour de France à la suite de Constance d'Arles ont fait sensation... Cheveux arrivant à mi-tête... Et pas de poil sur la figure. Il semble que la moustache plaisait bien un peu plus tôt (et a duré chez les Saxons). Ca a filé des sueurs froides aux barbons de service. Moeurs dépravées, blablabla... Ces gens avec des coiffures bizarres ! J'vous jure ! Et en plus, ils ont corrompu les nobles Francs et Bourguignons !

Tonsure normande

Ou trou normand... 

Des Normands, coiffés à la XIe, ça change de la coupe d'Henri II, là, la nuque, elle est rafraichie !
 

 

 

 

Au XIe vient la coupe dite normande... Avec juste des cheveux devant, et rasé derrière. Faut aimer. Mais, donc, pas de tête totalement rasée. On a sa dignité, quand même ! Les nuques tondues, ça plaisait pas des masses au XIe, en général. Et les visages glabres... Pouah ! Ce serait en réalité le truc amené par les Aquitains.

Harold, moustache dehors !
C'est que ça embrouillait les esprits... Normalement, les rasés du visage, c'étaient les prêtres. Même que les espions d'Harold ont qualifié les Normands d'armée de prêtres, tellement les visages rasés étaient nombreux, et anormaux pour eux. Attention, je le répète, on peut trouver, à ces périodes où le clergé est rasé, des représentations de religieux barbus, mais il faut y voir une image de la sagesse, et d'un âge plus avancé. Je l'ai déjà dit, mais... Comme ça, ça va rentrer (j'espère). Ca renverrait aux prêtres et prophètes bibliques que ce ne serait pas étonnant. Et on utilise souvent la barbe pour indiquer qu'un personnage est plus âgé... Ou l'absence de barbe pour signaler les jeunots, genre saint Jean l'Evangéliste.

Parmi ces rois mages, repérez le plus âgé et le plus jeune !

Coupe au Bol d'Hair

Et la voilà, la fameuse coupe début XVe, si classe... La coupe ronde, qui dégage la nuque, même les oreilles (bonjour la qualité de la descendance !)... Avec une frange. Un tout petit peu plus long, et on a Mireille Mathieu, ou les Ramones (sauf Joey, évidemment, lui, c'était une autre coupe italienne), ou des Italiens. 

Johnny Ramone, et sa coupe Ludovic Sforza
Attention, ne pas résumer le XVe à la coupe ronde ET courte. C'est la période la plus variée en ce qui concerne les cheveux, la barbe... On a tout et n'importe quoi, selon les endroits, les villes... Enfin, tout, faut le dire vite.

Ludovic Sforza a raté son audition chez les Ramones parce qu'il n'avait pas de perf... C'est ballot. Le reste était bon.

Faut pas imaginer de zorglhomme, de cheveux en brosse, de coupe de footballeur... Mais on a quand même des chauves qui s'assument, des gens qui étalent des chevelures magnifiques et d'autres qui posent des problèmes insolubles. 

N'insistez pas.
 

Enigme du jour : Léonard de Vinci dormait-il avec la barbe au dessus ou en dessous des couvertures ? Ne me remerciez pas pour l'insomnie !

En dessous ou au dessus ? Mystère !

Si vous ne dormez pas, vous avez dû remarquer qu'on est passé de la fin XIe au début XVe. Ce qui nous laisse 3 bons siècles entre... De chevelus. (Et le XVe siècle, par moments et par endroits)

Souverains à cheveux courts ?

Riri camembert, photo Eleanor Gamgee, Wiki commons. Barbe soignée, cheveux un peu longs.
Si on chipote, on peut sortir les gisants de Fontevraud comme cheveux courts en XIIe... Mais, si on y regarde de plus près, aussi bien Henry II que Richard Coeur de Lion ont de jolies mèches qui descendent derrière les oreilles. Ce ne sont pas des cheveux rasés, même si ça ne va pas dans la nuque. On peut supposer qu'Henry II avait les cheveux relativement courts pour l'époque, si on se réfère à une autre représentation : le vitrail de la cathédrale de Poitiers.

Papa Henri II (d'Angleterre), de son vivant. Cathédrale de Poitiers. (© Photo Patrick Lavaud, Nouvelle République Poitiers, photo recadrée)
Autre coupe qu'on pourrait qualifier de courte, et là, ça vise bien la référence à l'Antiquité romaine : le buste de Frédéric II conservé à Barletta. Il a le total look empereur romain, sur ce qui reste, et ça change des autres représentations de Frédo, où il a des cheveux plutôt longs. 

Frédos, de do, dans son look empereur romain, mais avec les bouclettes
A la mode XIIIe. Evidemment, là encore, c'est une coiffure courte, mais avec de longues mèches. Comme sur les statues antiques, quoi. C'était le but, faire empereur romain, pour l'empereur du Saint Empire. 

Les trois siècles de chevelus

XIIe, ça pousse !

Lui, ça doit être un prophète, ou une figure de l'Ancien Testament, donc, rien d'anormal.
Ca commence fin XIe. Et on a encore des dépressions nerveuses chez les curés, qui se sont laissés pousser la barbe pour qu'on les distingue de ces laïcs qui sont imberbes... Et vlan... Tournicoti, tournicota... Vlatipa que la nouvelle mode est aux cheveux très longs... 

Jeune dépravé attirant le démon, pendant que le clerc, bien respectable, lui, dézingue le démon... Moralia in Job.
Avec barbe ! Mais non ! Du coup, va falloir que les curés suivent une autre mode ? Se rasent ? Ils vont surtout commencer par râler. Par culpabiliser les nobles. C'est pas bien les cheveux longs, avec la raie au milieu (comme les femmes, pour ne pas dire les courtisanes), et la barbe (comme le clergé). Et puis, c'est qu'en plus, les nobles, ils passaient leur temps à se peigner au lieu de faire du sport ! Bel exemple, tiens ! Les fronts dégagés, vraiment, ça fait se dresser les zones non tonsurées des curés. Traumatisés, les pauvres. Orderic Vital parle de fronts rasés, comme les voleurs (on retrouve l'association rasage-stigmatisation, en passant).

Ermite avec look acceptable. La barbe lui sied. Tout est dans l'ordre. British Library, Yates Thompson 13 f. 178 (photo BL)
Ce cher Orderic nous apprend en outre que, dans les siècles précédents, ce sont les pèlerins, les pénitents et les prisonniers qui avaient les cheveux longs et des barbes. Et pour les pénitents et les pèlerins, c'est même posi'tif. C'était pratique pour les reconnaître. Et là... Vlan... Les nobles... et jusqu'à certains pécores qui les imitent ! Mais où va le monde ? La décadence est en marche !

Là, c'est carrément néga'tif. British Library, Harley 4375, 141
Cheveux longs et barbes courtes, ça l'énerve, Orderic.  Il en a ras la tonsure ! Et puis... Tant qu'à faire... Ils jouent du fer à friser ! Des dégénérés j'vous dis ! Et ils se mettent des trucs bizarres sur la tête, genre des bandeaux. Heureusement qu'il y a des gens bien qui sortent tête découverte ! Et puis, s'ils portent toujours les cheveux longs, y aura vengeance divine. Na ! Pluie de calamités ! Faut dire que de son temps (XIe-XIIe), les cheveux et la barbe, c'était "les vices et les idées superflues et (...) les couper signifie le renouveau de l'esprit" (Pouvreau, 52). C'était la règle chez les moines. Et avec de telles idées, ça peut faire grincer des dents quand ils voient les nobles barbus et chevelus.

"Fils" de charpentier. Victime de la mode du XIIe siècle. Son look ne bougera plus beaucoup à partir de là.
En tout cas, on a pris des mesures. On a même interdit aux chevelus d'entrer dans les églises. On a passé des lois (à Londres) pour que le bas des oreilles et les yeux soient visibles (sérieux, y a pas plus grave comme problème ?). Ca n'a pas très bien marché... On a juste prévenu les chevelus qu'ils entraient dans l'église à leurs risques et périls... On a eu aussi des séances de coupe-coupe pénitence, jusqu'au roi d'Angleterre. Et puis, hein, tant qu'à faire... A Tournai, c'est la faute aux chevelus s'il y a des épidémies. Hop, on coupe !

Mais... Spoiler alert... Ca repousse ! Et, après le sermon, la séance de coupe en public... Ben, un peu de patience ! Sauf si un saint s'en mêle et ne décide de faire en sorte que les cheveux ne soient plus longs. 

Retour de voyage en Terre Sainte. Les tresses, ça passe dans ces circonstances. C'est même posi'tif.
Cheveux longs, raie au milieu, barbe bien soignée. En cas de cheveux courts, il faut quand même une certaine longueur sur l'arrière, et une frange courte. 

Euh... Vers la fin du siècle (autour de 1170)... Alain de Lille, théologien du XIIe, considère que les jeunes qui se rasent la barbe et les sourcils (oui, vous avez bien lu !) et se coupent les cheveux sont efféminés. La barbe est entrée dans les moeurs, et si les curés acceptent, c'est que c'est has been. Donc, on rase pour les embêter. Y a du changement, qui nous amène au XIIIe.

XIIIe, on rase !

La barbe ! Juste la barbe ! Il semble que ça disparaisse fin XIIe, ça devenait trop pénible avec le haub'hair. Et puis en plus, si la barbe est longue, l'ennemi peut tirer dessus. Du coup, c'est passé comme une lettre à la poste un jour sans grève. Exit les barbes. On a  toujours des représentations de barbus. Mais, vous connaissez la musique... 

Papa Clovis
Symbolique, anciens, plus âgés, plus sages... 

Fiston Clot'hair. On sait qui est le plus vieux.
Pour des contemporains, ce sont souvent des rois qui sont représentés barbus. Deuxième moitié du siècle surtout. Barbe longue, et fine, en pointe. On peut se poser la question de la fiabilité... Edward Ier, par exemple... Barbu en statue... Mais, pas de mention de barbe sur sa momie, bien conservée. Alphonse X... Son surnom, c'était le Sage. Le Sage. Pfff... Pas évident. Et puis, pourquoi pas des modes régionales, plus ou moins éphém'hair ? Et pourquoi le reste de la cour, y compris la famille royale, est représentée glabre, quand ce sont des chrétiens ?

Du mal à oublier la mode de sa jeunesse, Jean ? (photo Hugh Llewelyn, Wikimedia Commons)
Jean Sans T'hair... Il datait quand même surtout du XIIe, le Jeannot... Il suivait peut-être encore l'ancienne mode. Ou il imitait son papounet adoré, ce fayot.

Othon Ier, version XIIIe, barbu (bien soigné)
Donc, la barbe au XIIIe. Mauvaise idée !

Othon Ier, version XIIIe, imberbe. Fan du fer à friser.
Les cheveux, de leur côté du crâne, continuent à être longs, et on joue toujours au f'hair à friser. Mais... Retour de la frange. Au fer à friser elle aussi. Elle est courte, histoire de ne pas aller dans les yeux. Les cheveux ont une longueur un peu plus raisonnable. On va dire que ça atteint les épaules avant frisage. Mais on a des amateurs de plus long.

Et puis, on porte souvent sa cale, pour assurer sa postérité.

A éviter : nuques dégagées, oreilles dégagées, cheveux très courts, cheveux rasés, cheveux en brosse, barbes trop drues, boucs à la Abdallah de Bourgogne, sinon, ça fait vraiment corps XXIe typique (ou même fin XXe... Soooo années 1990 !), dans costume essayant de faire XIIIe, bref, ça fait archi faux.

Oui, mais non.

La perruque, adaptée à l'époque, ça change le look, même en cas de port de la cale (frange qui dépasse si on fait pas pécore, mèches sur la nuque même si on fait pécore).

Là, y a rien qui va. C'est supposé être XVe, mais même en XVe... Non. (Sauf peut-être au milieu, pour du XVe... et le premier pour du Byzantin premiers siècles, mais, c'est capillotracté quand même)

 

XIVe, faut suivre (et XVe aussi, d'ailleurs...)

Au XIVe, on peut presque tout faire. Mais pas le mulet ! C'est une illusion. Ceci n'est pas un mulet ! Ca y ressemble, vu de loin, mais non !
En gros, début du siècle, on fait comme au XIIIe. Et si on met un cale, on le met bien, on ferme (sauf en Italie, où ça finit par prendre des libertés), et on fait en sorte que les cheveux soient bien en place.

Les cheveux sortent de la coiffe. Pas bien. C'est un individu vulgaire. Cela se voit.

Les cheveux sont en place, bien peignés. C'est un individu distingué. Cela se voit.

Après, on laisse pousser si on veut, les cheveux et/ou la barbe, mais, avec une petite frange, ou pas, histoire de bien embêter les gens du futur qui se demanderont si ce sont des hommes ou des femmes... 

Homme.

Pareil.

 (les cheveux des femmes sont plus longs !). 

C'est pas compliqué, y a rien qui va. Ni pour madame, ni pour monsieur. Mulet, plus barbe à la prof de français années 1970. Non, non, et non. Les costumes, ça va pas non plus. Il se renseigne, parfois, Ridley ?
On continue à protéger ses tempes, pour la génération suivante. ET ON EVITE LE MULET ! Sauf celui sur lequel on peut monter, évidemment, mais pour un chevalier, c'est même pas envisageable comme moyen de transport alterna'tif.

Bonjour, je suis la coupe ronde !
Enfin la voilà ! Alleluia, on voit arriver la coupe ronde ! Fin XIVe, XVe, ce sont finalement les périodes qui offrent le plus de possibilités et où on peut se débrouiller avec des cheveux et des barbes actuels. Mais on ne peut pas faire n'importe quoi quand même !

NOOOOOOOON ! Le bouc, ça passe pas ! Comment qu'il est relou !
C'est un peu tout et n'importe quoi... Mais, les zorglhommes, nan. Et toujours pas de barbichette à la Abdallah de Bourgogne ou de mulet !

Is c'tse emmoc aç, ej m'ne siav
Le Calv'hair de l'histo ?

Barbes et cheveux ne sont pas anodins au Moyen Âge. On ne peut pas faire ce qu'on veut avec. C'est à la fois une marque de force et de virilité et un symbole de péché, du désordre, de la luxure. Sa trop grande présence, comme son absence, font sens. 

Chenille pour l'Enf'hair pour les mal coiffés !
Il convient donc de respecter les règles en vigueur selon les époques (il y a toujours des justifications...) pour rester histo. Les messages passant par la pilosité sont trop importants pour être négligés. 

Au revoir les reconst'