jeudi 23 février 2017

EMILIE-ROMAGNE MEDIEVALE

MODENE 1
La cathédrale.



Ceci n'est qu'un modeste teaser, étant donné l'importance des choses vues ces derniers jours. Un petit tour en Emilie-Romagne, une région que j'ai peu fréquentée, et c'est bien dommage. J'ai profité d'un séjour à Rimini (j'y reviendrai dans un autre article) pour me rendre dans deux villes que je souhaitais voir depuis longtemps, à savoir Parme et Modène. Je savais que c'était du lourd.

Adam et Eve derrière le gros chat

C'est en fait du méga lourd en matière d'art médiéval. (Ne parlons pas des plaisirs de la bouche... Là aussi, il y a tout ce qu'il faut !)

Je vais ici montrer quelques petites choses de Modène, qui fut ma deuxième destination.


J'annonce immédiatement la couleur : la cathédrale de Modène est entrée directement dans mon top 5 des cathédrales... Une splendeur !

Arches reliant la cathédrale à la tour. Pas uniquement pour soutenir.
Tout l'ensemble : cathédrale, tour, place (et le musée) mérite qu'on y passe la journée.
Bref, l'inscription Unesco n'est pas volée du tout !

Cathédrale du XIIème siècle. Du prothyron en veux-tu en voilà.
Parmi les particularités de l'extérieur de la cathédrale de Modène, la fan de Kaamelott que je suis n'a pas manqué la porte du côté nord.
Guenièvre et Caradoc

Je suis même arrivée par là, mais c'est pur hasard. Dans une région où l'on mange si bien, pas étonnant de retrouver Caradoc, et même Guenièvre (le nid de pâte d'amande n'est pas loin...)
Mais, ceci, c'est pour les Kaamelottisés. Et les amateurs d'art roman.
Porte nord.
 Pour les amateurs d'art roman non sensibles aux question d'affinage du fromage, il y a aussi de quoi faire.
La tour. On en reparlera.
 Deux architectes se sont succédés : Lanfranco, puis Anselmo da Campione. Pour les sculptures, on signale Wiligelmo.

On a toujours le nez en l'air, tellement il y a de petites merveilles partout. Chapiteaux, têtes sculptées, scènes de la Genèse.


Je reviens sur les prothyrons (prothyroi, peut-être... au pluriel). Le prothyron est un petit édicule sculpté courant dans l'architecture romane italienne, en particulier, qui se trouve aux entrées.
 Le toit repose sur des colonnes, reposant elles-mêmes sur des bases, souvent sculptées d'un lion, parfois d'un griffon.

Ici, on trouve du lion couché, assez traditionnel, et du plus rare, le lion debout.
Sacrifice de Caïn et Abel, derrière le gros chat
 Mais, surtout, du côté sud, des colonnes qui font des noeuds ! Les sculpteurs et tailleurs de pierre s'en sont donné à coeur joie ici !


On peut ajouter la variété des décors des colonnes, la beauté des matériaux, la richesse des détails...

Les différentes entrées de la cathédrale de Modène sont un régal pour les yeux si on est sensible aux décors romans.


Et là, on n'est toujours pas entré.

L'abside est intéressante également, mais pas que pour ses sculptures.
Jumelage avec Pise envisagé ?
 On y constate les effets de cette pression qui poussera les architectes à innover, et à inventer les arcs-boutants. L'art roman se contente souvent, en abside, des absidioles. Elles ne sont pas présentes ici. Et forcément, à la surprise générale... Ca pousse, et donc, l'abside penche méchamment.
Façade nord, en début de soirée...

Une dernière chose encore au sujet de l'extérieur, cette fois sur la place. La tradition veut que la construction de la cathédrale ait été voulue par Mathilde de Canossa.
Une statue sur la place, de facture romane, est supposée représenter Mathilde.
J'avoue que je me méfie de cette identification bien séduisante quand on connait l'importance historique du personnage.
Mathilde or not Mathilde ?

Encore une fois une histoire de costume. La manière dont est vêtue la jeune femme renvoie plus, à mon humble avis, à l'allégorie qu'à une femme du tout début XIIe. La sur-robe courte est un attribut très suspect. Il y a de quoi enquêter. Encore.
Et j'ai du mal à imaginer une femme comme Mathilde représentée tête nue...

Et maintenant, entrons...
Nef, choeur et crypte

Les murs sont pour la plupart nus. Mais il reste, par-ci par-là, des restes de fresques, dont un fragment d'un Saint Christophe monumental. Quelques marqueteries sont aussi notables.

On voit des galeries qui courent le long de la nef... Mais, une fois en dessous, on se rend compte que non... Il n'y a pas de galerie, juste une élévation qui imite la présence de tribunes. Cet ensemble est néanmoins intéressant par ses chapiteaux.
Nef vue du choeur

Le choeur est sans conteste la merveille de la cathédrale. Il s'agit d'un choeur surélevé, sur une crypte.
Vue depuis le choeur, la fausse tribune.

Le choeur a conservé sa clôture. Et, ô merveille.. son jubé !
Ambon du jubé

Une splendeur, avec polychromie (époque ?)...
Christ devant Pilate et Flagellation, détail du jubé

Qui repose sur des colonnes et consoles intéressantes : acrobates, jongleurs, lions...
Acrobate-console

Une incroyable diversité de motifs,

Atlante

et des sources précieuses pour les costumes et équipements militaires. Chut !
Un chevalier qui a des problèmes...

Et, tant qu'à faire, on peut aussi mettre de jolis chapiteaux pour soutenir ce jubé...
Sacrifice d'Isaac


Sous le choeur, la crypte est elle aussi admirable pour ses chapiteaux.
Un triton

J'adore le petit monstre derrière.
Et un très beau groupe sculpté de la fin du XVè siècle.

Une partie des sculptures se trouve au musée lapidaire, qui aura droit à son petit article rien que pour lui, tout comme la tour.

Un dernier petit atlante soutenant le jubé. Oui, oui, oui... Ca se trouve bien ailleurs que dans le sud-ouest...

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