Un air d’Orient
NB : Ceci est un ancien article. Il est basé sur des constatations qui peuvent encore être étayées. On peut penser que ce que j’ai identifié
comme étant des marques d’orientalisation des costumes n’est que
pure spéculation. Néanmoins, je cherche
encore les exceptions pouvant infirmer cette théorie. Ne pouvant pas
connaître de manière exhaustive toutes les créations
carolingiennes (qui le peut ?), je remercie par avance les
personnes me transmettant toute information concernant d’éventuelles
exceptions.
Mais le Psautier n’est pas le
seul ouvrage carolingien à présenter des costumes. Les pages canons
des Evangiles d’Ebbon, ou divers ouvrages du cercle de Charles le
Chauve fournissent aussi des exemples intéressants. Mais paraissent
négligés. Pourtant, nous avons des scènes de dédicaces, montrant
la cour de Charles le Chauve, et présentant, ainsi, un échantillon
de plusieurs costumes royaux et seigneuriaux. Charles le Chauve n’est
pas le seul souverain représenté en « civil ». Nous
avons des portraits de Lothaire, la petite statue équestre dite
de Charlemagne, etc.
(Musée du Louvre. Photo Tina
Anderlini)
Des confrontations
nécessaires
Et c’est en comparant certaines
caractéristiques des vêtements du Psautier de Stuttgart avec les
autres enluminures carolingiennes que le bât blesse. Les scènes de
dédicaces sont notre référent principal. Et pour cause :
elles représentent des personnages vivants lors de la création de
l’œuvre. Nous sommes loin des illustrations des Psaumes ou de leur
interprétation que nous trouvons à Stuttgart.
Charles
le Chauve et sa cour, Bible de St Paul hors les Murs,
Abbaye de St Paul hors les Murs, Vatican, f. 1r. Vers 870. Un
exemple de scène de dédicaces. Les costumes féminins sont proches
de ceux de Stuttgart, même si les décorations semblent renvoyer aux
décorations honorifiques byzantines. Les costumes masculins, malgré les
indications de
richesse des tissus et de décorations empierrées, sont moins ornés
que ceux du Psautier. (photo Wikimedia Commons)
Quelles sont donc les caractéristiques les plus notables du Psautier de Stuttgart : Des tenues très décorées, à ce qu’il semble : bandes sur l’avant des tuniques, des bandes sur les jambes, des pantalons larges, des bonnets phrygiens… Autant d’aspect particuliers, qui pourraient donner une idée de ce qu’étaient les tenues carolingiennes masculines. D’autant plus que ces particularités sont visibles sur d’autres œuvres carolingiennes. Mais pas vraiment sur les œuvres référentes, à savoir les dédicaces et des portraits de souverains. Là, pas de bandes sur les jambes. Pas plus que de pantalons larges. Les décorations éventuelles de col et de poitrine sont souvent cachées par le manteau. Mais, lorsque le manteau est un peu ouvert, on ne voit que rarement une bande verticale au centre, sur les hommes.
Charlemagne, mosaïque du Triclinium du Latran (reconstituée au XVIIIème siècle). Le costume s’avère plus simple que ceux des personnages du Psautier de Stuttgart.(Photo Tina Anderlini)
Un tour d’horizon des autres
œuvres carolingiennes ne nous donne finalement que rarement des
éléments correspondants à ce que l’on voit sur Stuttgart. Tout
au plus trouve-t-on des bandes de jambes sur un recueil des Epitres
de St Paul. Or, les personnages portant ces décorations sont des
Juifs. Quelques bandes sont aussi sur la Bible de Saint Paul,
toujours sur les Juifs. Rappelons que le Psautier représente
majoritairement des Juifs, et leurs voisins bibliques. Quelques
personnages chrétiens sont représentés. Aucun d’eux ne porte de
bandes. Les bandes centrales, sur toute la hauteur ou en partie, sont
parfois notables sur divers personnages, d’origines diverses
(Lombards, mais nous sommes là devant une œuvre plus ancienne),
Longin (attention au peuple déicide auquel Longin et Stéphaton, le
porteur de l’éponge, sont parfois assimilés)…
Leur existence reste très
limitée. On ne semble pas en voir, par exemple, sur les images
royales (hors Stuttgart où elles sont fréquemment sur les torses
des souverains). Mais, il existe une fresque où on en devine une. Et
le personnage est laïc.
A noter : la façon de porter l'épée dans certains contextes, qu'on voit dans plusieurs exemples carolingiens, comme la Bible de St Paul. Cette manière ne semble pas durer.
Les pantalons larges sont intéressants. Un cas a été trouvé en Occident, mais il s’agit d’une représentation des travaux des mois, celle du mois de juillet. Nous avons ici une image présentant les activités. Le mois de juillet est personnifié par un faucheur. Pieds nus. Une chose rarissime dans l’art carolingien, lorsque nous voyons des individus vêtus à ce qui semble être la mode de l’époque. Il s’agit en fait certainement des braies telles qu’elles sont sans bandes, bottes, chausses. Et le porteur est un paysan. Les braies larges du Psautier sont elles portées sur des bandes, ou autre. Il s’agirait plutôt ici d’une tenue estivale, de travailleur.
Le bonnet phrygien, qu’on
remarque dans le Psautier de Stuttgart, est un marqueur d’orientaux.
Le placer ça et là permet de rappeler que certains personnages
(voire tous selon les oeuvres) sont d’origine lointaine. Les
bizarreries que l’on note sur les jambes des personnages
seraient-elles elles aussi d’origine orientale ?
La tradition antique et
paléochrétienne du costume oriental
Noble d’Hatra (Aphrahat ?) en Mésopotamie, original :
Musée National de Bagdad, fac simile : Römisch-Germanisches
Zentralmuseum de Mayence. Le Parthe porte un costume
particulièrement riche, jusqu’aux jambes, très décorées.
(photo T.A.)
Plusieurs représentations d’Orientaux, Parthes, Perses, Scythes, etc… Nous sont parvenues. Leur costume ne se caractérise pas uniquement par le port d’un couvre-chef particulier (le bonnet phrygien), mais aussi, comme on peut le voir sur les statues de Bagdad, par des tenues très décorées. Les peintures de la synagogue de Doura Europos, en Syrie, reprennent, de manière moins précise, certaines de ces caractéristiques : pantalons larges, bandes décorées sur les jambes, caftans, bande centrale décorative sur la tunique, bande au col, en bas, aux poignets. Les détails moins prononcés sur ces peintures les rendent relativement proches de peintures de Stuttgart…
Histoire d’Esther, fresque de Doura Europos, Damas.
Ezechiel reçoit le commandement Divin, fresque de Doura Europos, Damas Dans ces fresques du IIIème siècle, Babyloniens et le prophète juif Ezechiel (qui fut déporté à Babylone) sont vêtus de manière similaire, avec ou sans bandes décoratives sur les pantalons. Ces représentations simplifiées des costumes orientaux sont les plus proches du Psautier de Stuttgart.
Les Orientaux les plus représentés
dans l’art occidental sont les mages (qui ne deviennent rois qu’à
partir du XIème siècle). Les mosaïques romaines (Ste Marie
Majeure) ou byzantines (Ravenne, St Apollinaire le Neuf) sont dans la
lignée des œuvres antiques : personnages au riche costume,
multiples bandes décoratives sur la tunique et les jambes, bonnets
phrygiens, tissus que l’on devine colorés et à motifs.
Mages, mosaïque de Ste Marie Majeure, Vème siècle, Rome.
L’origine des personnages se manifeste par des costumes richement
ornés.(Photo Tina Anderlini)
En dehors des mages, citons les
Egyptiens, présents dans les scènes de l’Exode, ou les Histoires
de Joseph. Là encore, les tenues peuvent être fort décorées, et
parfois à jambes larges.
Joseph et ses frères, siège épiscopal de St Maximien,
Ravenne, Museo Arcivescocivile, VIème siècle (fac similé du
Römisch-Germanisches Zentralmuseum de Mayence). Les soldats
égyptiens accompagnant le Prophète portent des braies larges.
(Photo Tina Anderlini)
Les costumes carolingiens
selon les scènes profanes
Qu’en est-il sur les quelques
ouvrages profanes qui nous parvenus ? Les scènes présentant
Charles le Chauve et sa cour, ou Lothaire (entre autres), sont
pleines d’enseignements. En bref, on n’y voit aucune décoration
de jambes. Les braies sont portées serrées en bas (dans des bottes,
des bandes molletières, des croisillons… Même si, comme
l’enluminure du mois de Juillet nous le montrait, elles peuvent
être portées sans rien. Dans le Psautier de Stuttgart, on remarque
que les pieds sont « protégés »), les tuniques portent
parfois une bande décorative en bas, relativement fine. Pour les
personnages les plus importants, on trouve des bandes aux poignets.
Et peut être au col. Le manteau royal est lui très décoré, de
pierreries. Si une bande centrale a été reconnue sur une tunique
(voir plus haut), les poitrines sont souvent cachées par le manteau.
Bible de Vivien, ms Lat 1., BNF, Paris, f. 423r. Cette page de dédicaces à Charles le Chauve représente des religieux, des soldats et des nobles entourant le roi. L’enluminure est pleine d’informations sur les costumes, informations qui correspondent aux autres représentations de carolingiens. On peut donc ainsi en tirer des conclusions précieuses, et voir les différences avec le Psautier de Stuttgart.(Photo Wikimedia Commons)
D’autres exemples
décorés.
En parcourant les œuvres carolingiennes, on
rencontre, parfois, des personnages portant les caractéristiques
visibles sur le Psautier de Stuttgart. L’élément le plus fréquent
reste le bonnet phrygien. Jusqu’à présent, aucun porteur de ce
bonnet n’a pu être mis en relation avec l’Europe Occidentale. On
croise parfois des bandes centrales, ou des bandes de jambes.
Le cas des bandes de jambes paraît
sans appel. Le cas trouvé est une enluminure de St Gall, épitres de
St Paul. On y voit St Paul insulté par les Juifs. Nous retrouvons là
les cas de Stuttgart. Bref, des personnages orientaux.
St Paul insulté par les Juifs, Epitres de St Paul, St Gall,
Stiftsbibliothek, cod. Sang. 64, p. 12. Les décorations de jambes
renvoient à de nombreuses représentations d’Orientaux, et au
Psautier de Stuttgart.
Pour les jambes larges, avec
pieds chaussés, l’étude des psaumes concernés dans le
Psautier de Stuttgart s’est révélée troublante. En effet, en
dehors des soldats de Salomon, dans la célèbre scène du Jugement
(cf psaume 72, où il est dit que « toutes les nations te
serviront », allusion au règne universel du Christ dans
l’interprétation du Psaume. Les jambes larges sont-elles
l’illustration de cette phrase, qui se trouve un peu plus loin dans
le Psaume ?), tous les porteurs sont des Orientaux, mais
étrangers à Israël. On remarque même que ces pantalons sont
souvent visibles sur un personnage lors d’une « réunion »
des ennemis d’Israël. Un moyen de montrer les diverses origines
des ennemis ? En tout cas, cela n’est pas sans nous rappeler
les jambes des soldats entourant Joseph sur les ivoires du trône
épiscopal de Ravenne. D’autres sont visibles sur divers
personnages originaires de l’empire byzantin. Les jambes larges
sont visibles, dans l’antiquité, sur les barbares. Au VIIIème
siècle, on les retrouve sur des Scandinaves, qui seront parmi les
plus redoutables ennemis des Francs au IXème. L’assimilation
jambes larges/barbares/ennemis peut se justifier.
Pierre runique, VIIIème siècle, Stockholm. Les Scandinaves
sur le navire portent des pantalons à jambes larges.
Brassards, décorations sur toute
la longueur des bras, etc. n’ont pas été vus sur des personnages
non assimilables à des orientaux.
Fiable ou pas ?
Les recherches sur la possibilité
de considérer les décors des vêtements du Psautier comme
compatibles avec le costume des francs carolingiens ont été menées
sur plusieurs milliers d’oeuvres. Sculptures, peintures, mosaïques,
pièces de vaisselle. Les objets ont été vus dans divers musées,
dans des livres, sur internet… Il paraît maintenant clair que
pendant que je cherchais à comprendre les différents cas de
porteurs de bonnet phrygien, je n’ai pas su voir les autres marques
des orientaux. A l’exception du col en V masculin fermant avec une
patte (voir David dans le Psautier Doré de St Gall, ainsi que Longin
et Stéphaton dans une enluminure angevine).
En appliquant aux autres éléments
de Stuttgart la même démarche que pour le bonnet phrygien, le
résultat s’est avéré être le même (en dehors des bandes
centrales). Il est aussi possible que certains éléments de ces
costumes, comme les pantalons à jambes larges, aient pu faire partie
d’un costume influencé par l’Orient à la fin de l’Empire
romain, et durant la période mérovingienne (survivance des costumes
de certains peuples barbares.). Ceci est encore à vérifier.
Malheureusement, ces nouvelles recherches ont pris du temps, et ce
que je croyais exact, en me basant sur Stuttgart et d’autres
oeuvres au moment où j’ai écrit l’article sur la reconstitution
du costume carolingien, s’est avéré douteux deux semaines plus
tard, et faux -selon moi- dans la quinzaine suivante. En revanche, la
confrontation avec les figures féminines orientales, et les images
« neutres », comme par exemple Richilde et sa suivante
dans la Bible de St Paul Hors les Murs, montre que les
caractéristiques des costumes des femmes se retrouvent ailleurs (là
aussi, bandes décoratives très présentes). La seule réserve que
j’élèverai concerne les ceintures visibles. Les cas observés
(sur Stuttgart, ou ailleurs) renvoient, pour l’instant à des
personnages très particuliers, et toutes semblent liées à l’Orient
(peut être une exception pour l’un des Psaumes… Mais cela reste
à vérifier au niveau de l’interprétation de ce texte.)
La Prostituée de Babylone,
Apocalypse de Bamberg, Bamberg, Staatsbibliothek, MS A. II. 42. Cette
enluminure ottonienne reprend des caractéristiques visibles sur des
oeuvres carolingiennes, et est certainement la copie réactualisée à
certains niveaux d’une Apocalypse plus ancienne, comme tant de
manuscrits. La ceinture de la Prostituée est, sur les deux codex,
visibles. Cette caractéristique n’a été observée principalement
que sur des femmes orientales (un cas litigieux, à étudier plus
précisément). La ceinture ostentatoire de la Putain de Babylone et
de la courtisane du Jugement de Salomon du Psautier de Stuttgart peut
laisser envisager la possibilité d’une marque des femmes de petite
vertu. Mais les femmes à ceinture visible de la Bible de St Paul
Hors les Murs sont cependant des femmes respectables -habitante de
Jérusalem et Egyptiennes de l’Enfance de Moïse. La Femme de
l’Apocalypse, représentée elle aussi à Bamberg avec une
ceinture, représente l’Eglise de l’Ancien Testament, donnant
naissance au Christ, soit le Peuple élu de Dieu, autrement dit, les
Hébreux. La symbolique de cette femme concorde avec les autres
femmes à ceinture visible.
En outre, signalons ce que dit le
catalogue de l’exposition « Neustrie » (Rouen) de 1985,
au sujet du contexte de la création du Psautier de Stuttgart :
réalisé à l’époque d’Hilduin qui en devint abbé (de st
Germain) en 824. Savant théologien pétri de culture hellénique.
Cela n’est pas sans rapport avec les influences byzantines qui « se
manifestent dans le cycle iconographique de ce manuscrit »
(Marie-Thérèse Gousset). Une confirmation de notre hypothèse
concernant le caractère orientalisant des enluminures… (d’autres
auteurs insistent sur des pistes quant à une éventuelle origine
orientale des dessins. F. I. Mütherich, Die Stellung der Bilder in
der frühmittelalterlichen Psalterillustration, dans l’ouvrage
collectif, Der Stuttgarter Bilderpsalter, II Untersuchungen,
Stuttgart, 1966, p. 152 sq. et p. 197-200 où l’auteur reconnaît
des modèles gréco-italiens dans le cycle de ce psautier)
Bref, suite à toutes ces
vérifications, j’en suis arrivée à la conclusion que le Psautier
de Stuttgart est un ouvrage remarquable par son orientalisme, version
carolingienne, et est donc à manipuler avec d’innombrables
précautions. A mon avis, on ne peut pas en tenir compte pour en
déduire les caractéristiques du costume masculin carolingien. Il
reste cependant utile pour certains accessoires.
L’antijudaïsme au Haut
Moyen Age.
Traiter de ce sujet en détail
serait long, très long. Et la question est ô combien délicate.
Néanmoins, on note, pratiquement dès les premiers siècles de la
Chrétienté, un antijudaïsme basé essentiellement sur le fait que
les Juifs n’ont pas su (pour les plus virulents n’ont pas
« voulu ») reconnaître en Jésus le Messie. Ce fait
explique l’importance prise par la notion de peuple déicide, qui
se manifeste par la judéisation de Longin et Stéphaton, par
exemple. Sans nom chez St Jean (le seul apôtre présent à la
Crucifixion) qui ne mentionne que des « soldats », ils
prennent rapidement un nom et des légendes leur sont associées (le
sang du Sauveur rendant la vue à Longin…). Les deux plus
identifiables participants romains de la Crucifixion finissent par
devenir les illustrations du peuple déicide, par une pirouette
iconographique dont nous pouvons voir de nombreux exemples. Mais cet
antijudaïsme dont nous trouvons quelques manifestations
iconographiques (la scène des Epitres de St Gall nous semble
significative dans ce qu’elle illustre une hostilité supposée des
Juifs envers l’enseignement de St Paul) est réel chez certains. Et
pas seulement dans l’Empire byzantin (voir Théodose ou Héraclius…)
Ainsi, l’archevêque Agobard de Lyon reproche t-il dans une lettre
à Louis le Pieux de se montrer trop clément envers les Juifs.
L’archevêque en profite pour énumérer ce qu’il reproche aux
Juifs, et l’on doit bien y voir une manifestation d’antijudaïsme,
avec préjugés, rumeurs, etc… (cf Les Sociétés du Haut Moyen
Age en Occident, textes et documents rassemblés par Laurent
Feller et Bruno Judic, Publications de la Sorbonne, 2010, pp. 30-32).
Nous ne sommes pas encore dans un antijudaïsme aussi virulent qu’il
le sera à partir des Croisades. Pas d’obligation d’un
couvre-chef particulier, comme cela sera le cas à partir du XIIIème
siècle. Ni même de représentation d’un couvre-chef spécifique
(antérieure à l’obligation). Le bonnet phrygien qu’on octroie
aux Juifs est un signe partagé avec différents personnages
d’origine orientale jusqu’à la fin du XIème siècle. La
tolérance était plus importante (en règle générale) au Haut
Moyen Age, mais cela ne signifie pas qu’un antijudaïsme ponctuel,
et souvent limité à certains individus, ou lieux, ne pouvait se
manifester.
Psautier de Stuttgart, f. 7v
Propositions typologiques
de l’ « orientalisme » carolingien : Il
semble en outre qu’on puisse envisager une sorte de hiérarchisation
des personnages orientaux, basée principalement sur les types de
personnages présents dans l’œuvre.
Chrétiens (Francs) opposés aux
non-chrétiens : orientalisme possible sur les non-chrétiens
Juifs opposés aux non-juifs (hors
chrétiens, évidemment) : orientalisme possible sur les 2 (cas
de Stuttgart, mais pas d’Utrecht où les Juifs semblent porter les
mêmes costumes que les Chrétiens), plus marqué sur les non-juifs.
Occidentaux opposés aux
Orientaux.
Francs opposés au reste du monde
connu : barbarisme se manifestant par les pantalons à jambes
larges. (Plusieurs exemples de peuplades non franques portant ce type
de tenue. Tenue, signalons le, incompatible avec la description que
fait Eginhard du costume franc.)
Les principales marques
orientalisantes et barbarisantes étant :
Bonnet phrygien
Bandes sur les jambes
Pantalons à jambes larges (aussi
barbarisant)
Caftan
Bande centrale sur la tunique (Mais ce détail peut être présent sur les très hauts
statuts chez les Francs. Elle est rarissime sur les Francs -une
occurence -aristocrate- à peu près sûre- alors qu’elle est
fréquente sur les Orientaux)
Ceinture visible pour les femmes
(hypothèse à vérifier plus en détail).
Personnages occidentaux portant
des attributs orientalisants :
Longin (porteur de la lance)
Stéphaton (porteur de l’éponge)
Gardes du tombeau lors de la
Résurrection
Soldats se partageant la Tunique
du Christ
> allusions, en fait, au peuple
déicide, ces personnages sont assimilés aux Juifs.
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