UNE JOLIE AUMONIERE
Un petit tour au XIVe
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T 518. I'll be back. (Toutes les photos sont personnelles. Merci de ne pas les utiliser sans autorisation préalable) |
Première étape Nuremberg. Qui rime avec Dürer (y a une autre rime aussi, mais elle est bien moins jolie. A vrai dire, elle pue carrément).
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Ca, ça rime bien. |
C'est le Germanisches Nationalmuseum.
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C'est là, mais c'est l'ancienne entrée. Qui est plus jolie que la moderne... |
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Plein de trucs, je vous dis ! |
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Pour tous les goûts. |
Et donc, je vais vous causer d'une aumônière au nom ravissant : T 518. (Limite un nom à faire tête d'affiche dans un Terminator.)
C'est pas du gros article. Un petit truc rapide, mais ça peut servir de voir un objet de manière un peu détaillée. Avec un gros merci aux copines Séverine Watiez (Perline) et Laurette Estève (La Louvette), pour leur aide précieuse quand on a brainstormé sur les photos que j'avais ramenées.
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Aumônière brodée avec armoiries françaises et anglaises, 1ère moitié du XIVe siècle, lin, soie et fils métalliques, Germanisches Landesmuseum, Nuremberg. |
D'où ça sort ?
D'une vitrine du Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg, tiens !
Aspect général
On a une jolie aumônière brodée de soie et fils métalliques sur lin. Son état de conservation est bon. Ceci dit, elle a quelques traces d'usure qui ont l'air assez intéressantes. On y reviendra. Le décor est très majoritairement vert et jaune, jouant sur les alternances de couleur, pour les rectangles et les armoiries. Bref, on met en avant un certain aspect décoratif, qui devait bien péter quand les couleurs étaient encore toutes fraîches.
Des cordons
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Gros plan sur le fingerloop ! |
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Gros plan sur le cordon de fermeture |
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Bonnet turc |
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3/5 |
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2/5, mais avec un bonnet en moins. |
Des tresses
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Tresse du haut |
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Tresse latérale. |
L'intérêt de l'usure
Mine de rien, les parties abîmées nous apprennent pas mal de petites choses bien utiles. Parce que ce sont les parties usées de l’objet qui retiennent principalement l’attention.
Une première remarque c'est que, comme dans de très nombreux cas du Moyen Âge central, il n’y a pas d’œillets pour laisser passer les cordons. Pas la peine de se préparer à l'épreuve du point de boutonnière. Ca sert à rien. Les cordons se contentent de passer sous et sur le tissu, en écartant simplement les fils de la toile de base, et ceux des broderies. Ca peut se faire en utilisant une aiguille à bout rond. Tout simple, quoi.
L’usure de la broderie, visible au dessus du cordon, semble indiquer l’existence d’un autre lacet. Mais surtout, on peut voir la trame de lin sur laquelle les écussons ont été brodés. C'est une trame très lâche (oui, elle est limite en train de se barrer), un peu comme une toile de canevas ou une toile de tire-fil actuel[1].
C'est encore une info qui n'est pas piquée des hannetons. Parce que d'un point de vue technique, cette particularité est passionnante. Et si les brodeurs utilisaient des toiles spécifiques pour les aumônières, toiles qui simplifiaient le travail des artisans ?
Quant au point des broderies, ce serait un petit point ou un point natté espagnol[2], selon les appellations actuelles de ces deux possibilités. Et c’est avec une trame aussi lâche que ces points sont travaillés. Quel hasard.
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Ding dong, c'est l'heure ! |
[1] Une bonne astuce pour broder. Le tire-fil est une toile permettant de broder un motif en le dessinant sur ladite toile, fixée sur un tissu. Et quand l’ouvrage est terminé, on peut retirer les
fils, la broderie restant sur le tissu de base. Magie !
[2] Merci à Séverine Watiez pour l’identification de ces points, et pour d’autres termes techniques de cette partie.