mercredi 30 octobre 2019

COSTUME XIIIE

AU BONHEUR DES DRAPIERS
Les quantités de tissu pour bien s'habiller

On y revient. C'est limite un serpent de mer dans mes publications. C'est souvent évoqué dans d'autres articles du blog.
J'ai déjà parlé des longueurs (avec sources archéos à l'appui), présenté l'ampleur de certains vêtements... Maintenant, on va causer chiffres. Et ça fait peur, ça fait très peur.
Normal, y a des calculs à faire !

Et je suis une bille en maths.
On retrousse les manches quand même, et...


Ce qu'on conseille en reconstitution. Le MTA
On va parler d'un livre qui a ses bons et ses mauvais côtés. Malheureusement, je vais surtout m'arrêter sur ce qui ne va pas. Parce qu'en ce qui concerne les quantités de tissus indiquées, il y a un léger problème.
Le livre en question est le Medieval Tailor's Assistant (MTA, pour les intimes), première édition (2001). Je n'ai pas consulté la nouvelle édition, honte sur moi. Peut-être que les petits détails fâcheux que je vais souligner ont été rectifiés depuis.

Il est primordial de préciser que le MTA ne se prétend pas historiquement parfait. C'est juste un guide. Des indications pour avoir des tenues qui ressemblent à ce qui pouvait se porter. L'utiliser comme source de reconstitution est déjà la preuve d'une incompréhension du but de l'ouvrage lui même !

Il y a effectivement de très bonnes choses... Mais, pour le XIIIe, il y a vraiment de gros problèmes, qui sont visibles quand on compare avec les infos qu'on a glanées entre chercheurs.
A la décharge de l'autrice, certaines des infos n'étaient tout simplement pas diffusées en 2001. Les informations massives sur les inventaires, listes de courses, correspondance entre clients et tailleurs, comptes, etc. sont devenues envahissantes (au bon sens du terme) vers 2010. D'où l'intérêt de mises à jour. Par ailleurs, ce ne sont pas forcément des ouvrages largement diffusés parmi le grand public. Malheureusement. Du coup, quand on met en avant les infos qu'on trouve dans ces publications plus académiques, peu de gens y ont eu accès. Et, ne nous voilons pas la face, peu de gens iront les chercher, même en bibliothèque, même en accès gratuit sur internet. (Mode désabusée)

Si certains propos du MTA sont excusables, vu sa date, d'autres aspects restent plus que discutables dès que l'on veut passer de l'évocation à la reconstitution. Par exemple la forme des emmanchures (l'emmanchure s'arrondit dès le XIIe siècle, peut-être même fin XIe), les encolures larges, repliées, fermées par un fermail (une encolure plus étroite avec un amigaut, c'est très bien, et ça se voit sur pas mal de sculptures fiables, alors que les encolures larges renvoient aux tenues à l'antique ou à des tenues de moines. Ceci dit, n'oublions pas les décolletés pour les jeunes femmes, avérés avant 1250, dont il a déjà été question ici : on clique là ! ) sont parmi les principaux problèmes notables si on fait abstraction des quantités de tissu. En outre, autre problème d'emmanchure, encore plus gênant à mon avis : elles tombent trop bas. Elles sont déjà ergonomiques sur les pièces archéos dont on dispose. Et... Oui, une manche cousue 10cm, ou même 5cm plus haut, ça change tout l'aspect d'un vêtement. Ca joue sur le tombé. Et le tombé est très important pour du XIIIe. C'est ce qui fait la différence entre une tenue assez proche du sac à navet et une tenue élégante (je suis comme la vraie manche XIIIe dès qu'on aborde cette question : remontée !)

Cékoidon les infos qu'on trouve dans le MTA ?


Parlons chiffres :

Pour faire une cotte féminine : la longueur, pour commencer, c'est épaule/sol + entre 5 et 20 cm... Si on se réfère aux pièces archéologiques, c'est stature totale + entre 10 et 30 cm. Là, on a déjà un problème.
Coupon (pour une taille 42) de 330 cm sur 150 cm (p. 80). On verra plus tard ce que ça donne dans les mesures médiévales. Si on regarde le patron, il y a des chutes... Qui pourraient être utilisées pour augmenter l'ampleur. Ampleur recommandée : entre 2.5 et 3.5 m. Si on évite les chutes, forcément, on aura plus ample. Bref, ça part mal. Ceci dit, une remarque positive : il est indiqué que c'est bien de faire une traîne. Là, je dis merci. Oui, une robe XIIIe est plus longue à l'arrière.
Pour le surcot, longueur recommandée : 1.60. Ce sera plus long que la cotte, ce qui est bien... Mais, à mon avis, c'est pour une femme entre 1.65 et 1.70 cm. Le coupon de tissu recommandé est de 140 x 270 cm. Ce qui change toute la donne qui est au dessus. Eh oui. C'est un surcot sans manches. 
Pour homme... cotte : 350 (euh, plus que pour une femme ? Je sais que les hommes sont plus grands... Mais la cotte homme s'arrête à la cheville, la cotte femme tombe au sol. Ca compense.) x 140-150 pour une cotte longue. 200 X 140-150 pour une courte (mollet). Largeur des panneaux principaux : 70 cm (ne pas oublier les ourlets !), largeur conseillée pour les godets : 25 cm. Bref, on tourne autour de 3.4 m d'ampleur, avant les coutures (ou après, si on a un tissu de 150)
Surcot à manche homme : 250 x 150, sans manche, ben... Moins. Et longueur de 120.
Les panneaux centraux (hommes ou femmes) font tous 70 cm. Je rappelle que la chemise de St Louis, aux emmanchures ergonomiques, est en dessous de 50 cm. Mes cottes et surcots, malgré mes proportions, sont aussi en dessous de 50 cm.

Ce que ça donne en surface de tissu :
cotte femme : 4.95 m²
surcot femme : 3.78 m²
cotte homme : 5 m² (j'ai arrondi avec un compromis d'un lé de 145) pour une longue, 2.9 m² pour une courte.
surcot homme : 3.75 m² (avec manches)
Ensemble cotte + surcot :
femme : 8.73 m²
homme : 8.75 m² pour du long.


Rappel : ma tenue XIIIe (qui incluait un mantel en prime) était coupée dans 18.6 m² (avec très très peu de chutes). Si on enlève le mantel, on frise les 15 m², puisque j'avais récupéré les manches de la cotte dans les chutes du mantel. 
Détails du costume ici et 

Quand je dis que ça part mal pour le XIIIe...
Parce que le résultat, c'est qu'un costume issu du MTA se reconnaîtra forcément. 
J'ai suivi les conseils (qui venaient sûrement du MTA). Ah ben, c'est raté, hein... Tous les défauts y sont

On y retrouve les caractéristiques suivantes :
* trop courte longueur (pour les femmes)
* manque d'ampleur
* épaules tombantes 

En évocation, ce n'est pas un problème. Mais en reconstitution, si on veut quelque chose de correct historiquement parlant, ça ne va pas. 


La tenue XIIIe. Occuper l'espace, dans tous les sens. 
Occuper l'espace, tout un art, à toutes les époques. On fait ça avec plus ou moins de naturel et de classe... Question d'entrainement.


Je crois qu'il est nécessaire de rappeler certaines notions essentielles pour le costume médiéval en général, et XIIIe en particulier.

Oui, le costume c'est superficiel. 

Superficiel au sens propre : il recouvre une surface plus importante, en l'occurrence, le corps.
Et là, "superficiel" ne colle pas avec notre acceptation courante du terme. Parce que ce qui couvre le corps, au Moyen Âge (en fait de l'Antiquité -au moins- aux années 1960 -au moins) envoie des messages sur ce qu'on est (ah ben on n'est plus dans les années 60, mais certains de mes tee-shirts indiquent clairement mon amour de la musique qui fait du bruit, Monty Python, ou les bestioles miaulantes, donc, oui, ce qu'on porte sur sa surface corporelle a un sens.)
Tenue révélatrice de goûts musicaux, et pourtant y a peu de tissu (et merci à la copine qui m'a prise en photo à la fin d'un film qui fait pleurer. Je suis une grande sensible moi...)

Le costume est un révélateur social. Le proverbe "L'habit ne fait pas le moine" serait-il un non-sens (vous avez quatre heures) ? Le costume peut nous aider à nous faire passer pour ce qu'on n'est pas. Et c'est là que les codes sociaux entrent en jeu. On peut se trahir, même si on est bien habillé. Et Dieu sait si la chose est illustrée au Moyen Âge ! Le costume montre qui on est vraiment, et aussi ce pour quoi on essaie de se faire passer. L'image médiévale use de ceci pour révéler la vraie nature des gens par un savant usage du costume et des accessoires, sans oublier la physiognomonie. (Je vous donne en vrac quelques idées pour la disserte.)
Madame porte une chape, ce qui pourrait la faire passer pour quelqu'un d'instruit et respectable, mais son visage trahit sa vraie nature... L'Envie se planque sous ce costume... L'union de la signification du costume et de la physiognomonie.

Il est important pour l'individu de marquer sa place dans l'espace public. Et on peut ressortir l'analogie costume méd =  bagnole. De nos jours, si on veut se la péter, on sort la grosse tuture. Twingo/limo, pas même combat. Pas même individu dedans. Pas même place prise dans les rues...
Avant l'invention de la voiture, on a ainsi usé du costume pour s'imposer dans cet espace public (mais, les carrosses...).
Là, y a de la triche.

On va avoir des costumes qui prennent de la place (même en cas de mode près du corps...) en largeur, et en hauteur, selon les époques. Les crinolines sont quand même un exemple assez caractéristique.

Personne n'a dit que ça devait être pratique. Le truc, c'est s'imposer socialement !
Tous les moyens sont bons.
Place en hauteur et en largeur rien qu'avec la coiffe (le bas de la robe est pas mal non plus, mais il n'est pas sur le portrait d'Isabelle de Portugal par Van der Weyden, vers 1450, Getty Center) Et il y a pire niveau coiffes, hein ! Ca bouge d'ailleurs souvent plus vite dans les coiffes que dans les ampleurs...

A cela on ajoute aussi un effet de groupe. Un noble ne se déplace pas seul. On va ainsi s'occuper d'habiller son entourage d'une manière qui indique l'appartenance sociale. De là à inventer les uniformes...

Quand on est un groupe de femmes, l'occupation de l'espace est encore plus réelle à cause des masses de tissu que nécessite le costume féminin durant tout le Moyen Âge. Il y a la Dame, ses suivantes, les servantes... Dans les grandes occasions, quand on affirme son rang, on ne se déplace pas seule.
Eh oui, on ne se balade pas sans son petit personnel, qui lui aussi a du tissu... (Domenico Ghirlandaio, Naissance de la Vierge, 1486-1490, Florence, Santa Maria Novella)


Par ailleurs, on va utiliser les couches externes.

Le mantel, ce vêtement pas très utile hérité de l'Antiquité et marque de statut, se porte en mettant le plus en valeur sa doublure, donc, on écarte les bras. On met aussi en valeur son surcot. La chape se distingue par ses manches abondamment plissées, et longues...
Ce cher architecte Libergier et sa chape... On le voit le tissu. On la voit l'ampleur, on la voit la longueur...

Tout ceci participe d'une mise en scène qui demande beaucoup de tissu.
Beaucoup, beaucoup de tissu.
Pour occuper l'espace physiquement et visuellement (sans aller dans la cacophonie visuelle. Le bon goût, ma brave dame).
Et ce selon des codes stricts, connus des initié.es, qui permettent de repérer les nouveaux riches à 20 km à la ronde.
Je porte mon manteau avec classe, en cette première moitié du siècle. Le tissu est fin... Et on voit ma taille, mais, les dominicains n'ont pas encore frappé.

Comme si cela ne suffisait pas, les quantités de tissu vont augmenter au cours du siècle. On prend plus de tissu en 1300 qu'en 1215. Et ce n'est plus le même type de tissu, en prime. Plus lourd. Mais ceci est une autre histoire...
Tu la vois mon ampleur 1280 ? Et celle du surcot de ma copine qui aime les pommes ?

On ne porte pas ses vêtements de la même manière. Un porteur de cotte au début du XIIIe siècle se fiche complètement des sermons d'Etienne de Bourbon du milieu du siècle... Logique. Sermons qui demandent de cacher la taille. On ne montre plus sa taille.
J'agrandis l'ouverture de mon surcot et je montre ma taille au monsieur qui offre des pommes, parce que j'aime le fruit défendu...

Le costume cintré dans la seconde moitié du siècle, dans la majorité de l'Europe, c'est de l'impudeur (et ne négligeons pas le pouvoir des moines prêcheurs et leur rapidité à répandre leur bonne parole. Le Goff a étudié cela). On fait blouser sa cotte sur la ceinture, au moins sur les hanches. Or, le fait de blouser diminue la longueur du vêtement... Du coup, il faut ajouter du tissu. Ceci dit, le MTA tient compte du blousage, c'est tout à son honneur. Dommage que ce ne soit pas respecté par les lectrices, et que, je radote, la longueur indiquée reste insuffisante.
1300... Ampleur bien visible, qui permet de jouer avec le surcot. On note le système (pas déterminé) qui permet d'empêcher que le bas de la cotte ne traîne au sol... On devine un bout de chemise ou pas ? (Trinity College, Cambridge)

Les essentiels étant rappelés (il y aurait encore tant à dire), on passe aux chiffres du Moyen Âge.
* Pour un peu plus d'infos, je vous conseille l'article de Sarah-Grace Heller, Anxiety, Hierarchy, and Appearance in Thirteenth-Century Sumptuary Laws and the Roman de La Rose, French Historical Studies (2004) 27 (2): 311-348.


Lé, Magna Carta, et tutti quanti. Les normes de tissu au XIIIe
Ca peut faire cet effet là, vous êtes prévenus.

J'en avais déjà parlé dans les articles sur mon costume. On va aller un peu plus dans les détails.
Rappel utile : les lés varient selon les villes, et même selon les types de tissu. Les Anglais en ont normés certains avec la Magna Carta en 1215. 
Par ailleurs, les chercheurs anglais ont bien déblayé le terrain. On a des infos assez précises, même s'il y a des désaccords quant à la longueur du lé. Ceci dit, on est au dessus du 150... 
Du coup, c'est pratique de se baser sur les infos anglaises, sachant que la mode, l'apparence générale du costume, sont quand même assez proches en Angleterre, France, Allemagne, Flandres, etc. 

Deux ouvrages utiles : 
Le premier, paru en 2011 :
L'indispensable revue de ceux qui travaillent sur le costume médiéval


Il s'agit ici de consulter l'article de Benjamin Wild, the Empress's new clothes. Basé sur le Roll of Cloth d'Henry III. En gros : les tissus fournis par Henry à sa soeur, sa suite, lui-même et son futur beau-frère quand elle est partie épouser Frédéric II. On a la liste des tissus, les quantités, les usages. 

Le second, paru en 2013 :

Il n'y a pas que du costume, mais la correspondance entre le client et le drapier ou le tailleur... Ca n'a pas de prix (si, justement, ils sont parfois indiqués.)

Je vais résumer. Et même pire... Pour cause de flemme, je cite carrément Wild :
"Henry II appears to have been the first English monarch to regulate the size of salable cloth, in 1197. According to Roger of Howden, the width of cloth was not to exceed two ells between its borders (infra lisuras). An ell (ulna) measured 1.25 yards (45 inches). The length of cloth was limited only in that it should be of good size (ejusdem bonitatis in medio et in lateribus). Henry II’s injunction was repeated in 1215, in the thirty-fifth clause of Magna Carta, but only in part. Magna Carta specified the width of salable cloth, which was to apply to dyed cloth, russet, and haberget (a woven cloth with diamond twill), but it said nothing about length. As far as I can tell, the length of salable cloth was defined only at the end of Henry III’s reign. An assize of 1272 stipulated that a cloth (pannus) should be twenty-four ells long and two ells wide (27.4 by 2.3 meters, or 30 by 2.5 yards)."
(page 9, j'ai pas mis les notes...)
Préparez-la, elle va pouvoir servir.
Je passe les détails : le lé anglais, pour certains tissus vendables (tissus teints, russet et haberget, notre cher tissage diamant, qui était passé de mode en 1272), d'après la Magna Carta, confirmée à la fin du règne d'Henry III (oui, on considère qu'il a confirmé en vrac, ce qui explique que le haberget, passé de mode, y est encore) est de 2.3 m. On est un chouïa loin du lé de 150... Sous son Grand-Papa Henry II, c'était, au maximum, de 2.28. Ca n'a pas trop bougé, même si on est plus près de 150 (tout est relatif). 
On retient aussi que l'aune fait 45 inches, soit 114 cm. (Utile pour la suite)
Ca, c'était d'après Wild.
Dans Carlin/Crouch, c'est un peu plus détaillé. On est ok pour l'aune (114.3 cm). Le lé d'écarlate fin serait de 1.64465 (oui, oui, c'est précis) m. Et là, on mesure en 1.75 aune... Il y a différence entre les qualités de tissu. Mais ça, c'était avant la Magna Carta. Du coup, on se trouve devant un problème... Est-ce que l'écarlate (un tissu teint au grain, c'est à dire à la cochenille) entre dans la catégorie des tissus teints ? Ben... En théorie, oui. En outre, si on se réfère à l'info de Wild, sous Henry II, on avait un lé maximum. Le lé de 164 est bien inférieur au lé de 228. On va calculer ça comment ??? Help !
Voilà, voilà...
Calculette en action !
Attention, à aucun moment (à une exception près) on a d'info sur le physique des personnes concernées... Ca peut jouer.
Infos provenant de Carlin/Crouch (42-47)
Artisan (début du siècle semble-t-il). Robe 2 garnements (cotte + surcot) : 5.712 m, 9.36 m². On est déjà au dessus de la quantité conseillée pour un vêtement long. 
Noble début du siècle : pour une robe : 12.36 m² (tissu fin). Poids : 9.67 kg (estimation) sans doublure.
Messager d'Eleanor de Gloucester, 1265, toujours 2 garnements, avec, peut-être un chaperon (plus on monte dans l'échelle sociale, plus il y a de couches. Là, on est dans du petit personnel) 6 aunes de russett (et là, norme Magna Carta), soit 684 cm de long. Surface : 15.6 m² (en arrondissant). Presque le double d'un ensemble cotte + surcot MTA, version noble. A supposer que la robe soit composée d'un 3e vêtement (genre surcot à manche)... Ca reste quand même une sacrée différence. 
Je continue.
On reste dans les comptes d'Eleanor, et on passe à la famille (c'est pas génial d'avoir un ensemble cohérent ? Pour voir les différences selon les statuts?)
Son neveu, Edmond, pour une robe, 7.4295 m, et pour une autre, pour l'été, avec (en plus de la cotte), un corset et une cloche (vêtement externe riche, variété de chape, coupe trapézoïdale) : 10.287 m. On est là, en toute logique, dans du vêtement long.
On dit : robe 1 : 16.93 m²
Robe 2 : 23.45 m². La cloche peut expliquer cela... Surtout si on a les manches bien plissées, type Libergier. 
C'est cadeau

C'est pas fini...
1284-85, livrée (donc, pour le personnel et l'entourage) d'un clerc, Bogo de Clare, robes (basiques) avec chaperon : 8.001 m, soit, en surface : 18.24 m² par personne. 
Le problème, c'est qu'on n'a pas forcément le détail des robes (2 ou 3 garnements... Pour les très riches, ça peut monter à 5, sans le chaperon, mais, là, à part Edmond, décrit comme 3 garnements, on n'est pas dans des vêtements faits pour des personnes très riches. C'est l'entourage...)
Infos provenant de Wild
date 1235. Statuts variés. On a souvent le détail des pièces composant les robes (et ça c'est bien !)
Tout est normé Magna Carta (donc, lé 2.3 m)
A tout seigneur tout honneur :
Henry III (1207-1272)
(je ne fais pas forcément dans l'ordre) 
Info taille : Henry III tient dans un cercueil d'1.87 m. Donc, il devait mesurer moins que ça (ou alors, il a été bien tassé. Ceci dit, il a eu le plus long règne avant d'être battu par Victoria, elle même battue par Elizabeth II, donc, il est mort vieux, et certainement tassé, quand on y réfléchit. Là, c'est un jeune roi, en 1235).
14. Green. To the same, for a surcoat with sleeves and another without sleeves of green cloth, 5 ells with 1½ cendal.
Surcot avec manches et un sans manches : 5 aunes (et doublure). soit : 13 m² C'est le roi... Ok... Mais 13 m² !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! pour 2 surcots !

10 To the same, for a complete robe of green cloth, with two surcoats—17 ells with five panes of bis.
 Robe complète avec deux surcots, 17 aunes (robe complète : cotte + 2 surcots + mantel ou chape) : 44,5 m²

11 To the same, for a complete robe of murray—16 ells with 4 panes of vair.
Un seul surcot, visiblement dans la robe... presque 42 m²

12 To the same, for a cloak of scarlet—4 ells, and for lining it, 1½ green cendal.
Pour un manteau (ou chape ?) 10 m². J'espère que c'est la chape. Le terme latin étant capam, c'est fort possible. On est dans de l'écarlate. Le prix du machin ! C'est le roi... Ok. (je radote)

Robes de princesse

Isabelle d'Angleterre (1214-1241)
Ca va permettre de comparer Homme-Femme et Roi-Princesse (sachant que l'un était sûrement plus grand que l'autre...)
22 Item, to the same, for 2 complete robes of scarlet, 28 ells with 9 panes of vair.
Ca nous fait la robe à 14 aunes. 2 de moins que frérot. 36 m²
(ça fait un bout de temps que j'arrondis un peu...)
23 For the same, for a cloak, tunic, and surcoat with sleeves of scarlet, 11 ells with 2½ cendals.
Là, on a du détail !
Chape, cotte et surcot 28,8 m²
24 To the same, for another lined cloak of scarlet, lined, 4 ells with 1 cendal and 3 ells of cendal.
Comme frérot : la chape à 10 m². Merci les manches... (mais c'est une dame... Donc, plus long)
Henry III et sa chape (entre autres...)

32 To the same, for a tunic and surcoat of burnet, 8 ells—with 1½ panes of bis.
 Et hop, du détail ! Cotte et surcot : 21 m² (remontez pour voir ce que donnaient cotte + surcot version MTA, juste pour comparer. Ok, on est dans de la princesse, future impératrice...)

Allez, on passe à l'entourage masculin. Bizarrement, ça va baisser. 
[48] To Hubert Huse, for a robe of scarlet, 11 ½ ells with 4 bis.
[49] To two of his companions, 23 ells of scarlet with 8 panes of bis.
[50] To Robert de Mucegros, for a robe, 12 ells of scarlet with 4 bis.
[51] To Robert de Bruera, for a robe, 12 ells of scarlet with 4 bis.
[52] To Bartholomew Pecche, for a robe, 11 ½ ells of scarlet with 4 bis.
[53] To Waleran Teutonicus, for a robe, 11 ½ ells of scarlet with 4 bis.
[54] To his companion, for a robe, 11 ½ ells of scarlet with 4 bis.
Intéressant de voir la constante dans la quantité. Petites différences néanmoins, liées aux tailles ?
On est à 30 m² et des brouettes, contre 36 pour la Princesse et 42 pour le roi. Statut ? Vous avez dit statut ?
Mais il y a aussi ces histoires de robes complètes et de robes tout court...
Hop, pour un certain John of Saxony :
[109] To the same, for 2 complete robes of scarlet—25½ ells. To the same, 3 panes of bis and 4 squirrel furs.
33.4 m² la robe complète. Est-ce vraiment révélateur ? Différence de taille envisageable ?

Un petit tout chenu ?
[56] To William, clerk of the chapel, for a robe, 7½ ells of paonaz with 1 squirrel fur and 1 pane of lamb.
pas loin de 20 m²



Ces dames :
[59] For the wife of Robert de Bruera, for a robe, 14 ells of scarlet with 4 bis.
[60] For 4 ladies of the chamber of the empress, for 4 robes of burnet, 40 ells. For each 10 ells with 8 bis for palliums and surcoats.
[61] To the same wife of Robert de Bruera and the said 4 ladies of the chamber, for 5 robes of murray, 58 ells for the tunics, surcoats, and cloaks, for each 11 ells […] with 5 furs of squirrel for the surcoats and 5½ cendals for the lining of the cloaks.
[62] To the same, for 5 robes of blue cloth from overseas for tunic(s), surcoat(s), and pallium, 50 ells and for lining the same, 6½ cendals.
Beaucoup d'infos, sur la noblesse. Dans l'ordre. Déjà, une privilégiée...
La femme de Robert (Bienvenue), 36 m², autant que la princesse (plus grande ?) et, écarlate... cher !!! A mon avis, ça pourrait être la tenue d'apparat ou la tenue portée pour le mariage de notre princesse, ou les deux.
Pour 4 dames : 26 m²
Pour 5 dames (dont Bienvenue) : presque 29 m² par robe. Pour cotte, surcot et chape. 
Les mêmes, avec chape remplacée par un mantel (bien moins de tissu) : on retombe sur 26 m²

Autre dame
[92] Russet. To Margaret Biset, for a surcoat, pallium, and cloak, 13½ ells of
russet.
Surcot, mantel, chape : 35 m² Y a du level !

Petit personnel
[70] To the empress’s laundress, for a robe, 8 (barré) 10½ ells of cloth with 1 coney and 1 lamb.
[71] To the same, for a cloak, 4 ells of blue cloth of Beverley.
Lavandière, on tourne encore au dessus des 26 m². Pas de qualité de tissu. Doublure plus humble.
Et tout le monde est égal avec la chape ! Comme Isabelle, la chape féminine est plus longue que la masculine.

Pour le reste du petit personnel, il est question de robes, mais pas de détail ou de quantité.

Je vais prendre le simple exemple chape + cotte + surcot d'Isabelle : 28.8 m². On peut enlever 10 m² pour la chape. Il reste...  
18.8 m² pour cotte et surcot. Bravo si vous avez juste ! 
Cotte + surcot MTA : 8.73 m²

Vous voyez le problème ou on reprend tout depuis le début  ?
Je sais, c'est une princesse. Mais... Quand même. Les autres infos parlent d'elles mêmes.


Conclusion :

Ben, les quantités de tissu conseillées par le MTA pour du XIIIe siècle sont bien (euphémisme) en deça de la réalité, si on a un minimum de statut. Ca pourrait aller pour du paysan, en revoyant les longueurs pour les femmes. Mais, le MTA n'a pas vocation à être un ouvrage de référence pour ceux qui veulent des tenues historiques. Si on veut des tenues qui tiennent la route, ben...

Merci Henry III
De rien, si j'peux aider...





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