dimanche 29 juillet 2018

TEXTILES XIII

AIGLES, GRIFFONS, ETC.
Les textiles papaux d'Anagni



Un beau livre, très beau livre... 

Autant le dire tout de suite, le livre est un chouïa chérot. Mais vaut largement la peine quand on s'intéresse aux soies et à la broderie médiévale, et, qu'en prime, on a visité Anagni. Car l'air de rien, cette petite ville médiévale au sud de Rome mérite d'être visitée. Cathédrale somptueuse, crypte peinte à couper le souffle, palais papal petit mais costaud. Anagni se permet en plus le luxe d'être incontournable si on veut comprendre les soieries médiévales, la ville étant carrément un trousseau de clés. 


Parlons broderies


Où l'on découvre qu'il n'y a pas que l'opus anglicanum et le point de Bayeux dans la vie... Il y a aussi l'opus ciprenses (ou cyprense), broderie réalisée en fil d'or de chypre. C'est la technique utilisée pour les textiles les plus fameux provenant d'Anagni : la chape et la dalmatique rouge (et or) avec lions, oiseaux, etc... Bref des motifs similaires à ce qui était tissé.

Chape dite de Boniface VIII. Photo Carlo Raso, Flick.

On a aussi de l'opus anglicanum : vêtements et devant d'autel par exemple. 




L'intérêt de ce très beau livre est de nous montrer des détails de qualité de tous ces textiles. Et l'on découvre des vêtements exploitables en reconstitution parmi les motifs (souvent en médaillons).
L'autrice ne se contente pas de présenter les textiles. On trouve aussi d'intéressants rappels historiques permis par la taille du livre (plus de 460 pages). Et c'est là que je me régale puisque cela rejoint mes propres recherches sur les soies à médaillons. Bref, les aigles et les griffons, par exemple, c'était du tissu impérial... J'ai reçu le livre à mon retour de New York (communication sur les soies à médaillon, justement), et c'est tant mieux parce que j'aurais ajouté encore des tas de trucs, ce qui est gênant quand on ne dispose que de 20 minutes... Mais, finalement on revient toujours aux mêmes idées. Cette partie est primordiale pour tout ceux qui s'intéressent aux soies, car elle remet les choses à leur place. Le caractère particulier des textiles médiévaux est remarquablement mis en avant, y compris le lien entre les tissus et le souvenir du donateur. 


Ce livre est une réelle étude critique des textiles d'Anagni. On y trouve un catalogue complet, avec des plans de coupe, des croquis, et des détails, des détails, des détails.


Personnellement, j'ajouterai un bémol. Il y a d'intéressants liens effectués avec d'autres lieux, trésors, etc. Y compris une intéressante photo de la décoration du palais du Vatican au Moyen Âge... Mais... Pourquoi ne pas avoir ajouté aussi le décor peint du palais d'Anagni ? On a là un exemple extraordinaire. Et rien des fresques, certes plus anciennes, de la crypte de la cathédrale.

Décoration du palais papal d'Anagni (Photo Tina Anderlini)

Malgré cela, ce livre est utile, par son iconographie et la qualité des recherches de l'autrice. Les tissus à médaillons ne sont pas à utiliser à la légère, et cette étude en est une preuve.

Christiane Elster
Die Textilen Geschenke Papst Bonifaz' VIII. (1294-1303) An die Kathedrale von Anagni

Päpstliche Paramente des späten Mittelalters als Medien der Repräsentation, Gaben und Erinnerungsträger.
Petersberg : Michael Imhof Verlag, 2018

Prix : 99 € 


Vaut largement son prix
Hautement recommandé pour lecteurs passionnés

Photos de l'éditeur, sauf indication contraire.

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