mercredi 30 novembre 2016

ANTIQUITE n° 6

Böcklin


Détail d'Euterpe


Un article sur le peintre symboliste suisse Arnold Böcklin, pages 82 à 87, dans le nouveau numéro d'Antiquité.

Autoportrait avec la Mort jouant du violon, photo : wikimedia commons

Au sommaire (en dehors de mon article) :
Bliesbrück
Dioclétien
Les guerres daciques
La bataille d'Himère
Sélinonte contre Ségeste
Nécropole de Martres de Veyre et Naitré
Un chaland gallo-romain du IIe siècle ap. J. C.
Les Mycéniens
Le musée imaginaire
Le vin miellé.

OEUVRES CHOISIES

Persée


(TOUTES PHOTOS PERSONNELLES) 

Sculpture de Benvenuto Cellini (1500-1571), en bronze.





(L'un de mes bronzes préférés) 
 
Une petite signature.




Réalisée autour des années 1550, on est dans le style maniériste (qui se manifeste ici par un canon allongé), très marqué par Michel Ange.






Le moment montré est celui où Persée a coupé la tête de Méduse, la seule Gorgone mortelle... (Une vieille histoire de soirée où Persée est arrivé les mains vides, ce qui a été mal vu, parce que c'était cadeau obligatoire... et... Plein d'autres choses. Faudra que je raconte l'histoire complète un jour, tiens...)



Méduse avait une particularité (en plus d'être mortelle) : son regard pétrifiait ceux qui le croisaient. 


Elle avait aussi des serpents à la place des cheveux.  

Une difficulté, pour Cellini, a été de représenter le sang qui coule.



La statue est exposée sur la Loggia Dei Lanzi, Piazza della Signoria, à Florence. 




Le socle est orné de sculptures liées à la légende (genre Jupiter, le père de Persée, Mercure, Minerve, Danaé et le petit Persée.) et on trouve un bas relief présentant l'épisode suivant principal : Persée et Andromède. (Love Story) 
Danaé, mère de Persée.
Si vous voulez lire une autobiographie pleine de modestie, celle de Cellini s'impose. Un modèle d'humilité. 




Non, pas vraiment. Mais c'est assez représentatif de l'époque. Et c'est assez drôle, au second degré.



Avec un deuxième comme lui, il n'y aurait jamais eu de Sac de Rome en 1527. Si, si... Vraiment. 




Manque de bol, il était tout seul... Ballot. 


lundi 28 novembre 2016

OEUVRES CHOISIES

ADAM

 Une autre sculpture que j'aime bien... issue de mes albums persos, et, comme toujours, photographiée sous tous les angles.


 L'une de mes sculptures gothiques préférées.




Adam, statue provenant de Notre-Dame de Paris.


XIIIe siècle, évidemment.



Musée de Cluny, Paris 


Avec un hanchement 13e, qui n'est peut-être pas très correct, mais, on s'en fiche... (Oui, avec l'épaule gauche levée, ça ferait tellement plus... Antique ! Mais, après tout, c'est du gothique.)

 
 Et un des plus beaux visages de la sculpture médiévale, à mon avis, qui ne regarde que moi. 

L'archétype du bel homme selon les canons du XIIIe siècle...


Les yeux en amande, typique de l'art XIIIe.


Personnage sacré, peu d'expression. Mais c'est en train de changer.


Presque aussi beau qu'un Donatello...


 

dimanche 27 novembre 2016

Intermède musical

Une histoire de manches

Roi Mage, st Julien du Sault, milieu XIIIe

   Dans mon livre sur le costume au XIIIe siècle, j'ai abordé la question importante des manches flottantes, ou manches à plis tuyaux d'orgue. Un phénomène majeur de la mode de cette époque, qu'il était impossible de passer sous silence, ou de minimiser, puisqu'il est récurrent sur les tenues d'extérieur, de ville ou de voyage, et fait partie des vêtements des notables. On en trouve toujours des traces sur les tenues des juges et des avocats. 
La Reine Emma fuit l'Angleterre, Matthew Paris, vie d'Edward le Confesseur, vers 1230-1240, Cambridge University Library, Ee.3.59, fol. 4r, Wikimedia commons
    Or le « patron » proposé p. 153 n'est pas parfait (je pense que cela n'a échappé à personne). En réalité ce n'est pas un patron : il présente la manche une fois plissée, et mise en forme, avant l'assemblage et pas la forme à couper.
(Parfois, il y a des choses qui me paraissent évidentes... Mais qu'il faudrait que je précise... Je sais...)

Couronnement d'Edith, Matthew Paris, vie d'Edward le Confesseur, Cambridge University Library, Ee.3.59, fo. 11v, Wikimedia commons

En gros... La manche doit être plus large que haute (et pourtant, certaines sont déjà très longues!), ce qui est d'ailleurs indiqué dans le livre, puisqu'il est écrit « compter 150 cm de large » sur la hauteur de la manche. Cette remarque étant d'ailleurs en totale contradiction avec le dessin, si on considère le dessin comme un patron...
Détail de la plaque funéraire d'Hugues Libergier, mort en 1263. Cathédrale de Reims
 En réalité, c'est donc un croquis de la manche avant assemblage et non un patron.

Et j'aurais dû corriger avant impression... Ce sont les « joies » des publications, sur lesquelles on ne peut plus revenir, d'où l'intérêt d'un blog, qui permet d'apporter quelques corrections.

Le texte présente cependant plusieurs avertissements :
« Proposition pour les manches flottantes des chapes de notables et de nobles. Hypothèse.
Non testé en grandeur nature. Faire des essais avant de passer à la réalisation. »
Ces avertissements restent valides puisque les ampleurs et longueurs changent selon les statuts.
Détail de l'histoire du drapier fraudeur, cathédrale de Reims, 2e quart du XIIIe siècle
C'est un détail de vêtement qui demande beaucoup de soin. N'oublions jamais l'intérêt que les gens du XIIIe siècle avaient pour les manches.
Donc, faites énormément d'essais, regardez bien les sources. Surtout celles qui savent préciser des détails qu'on ne voit que trop rarement et qui donnent une multitude d'infos sur ce qu'il faut faire, et ne pas faire. 
Détail de l'histoire du drapier fraudeur, cathédrale de Reims, 2e quart du XIIIe siècle

  En fait, j'hésite encore entre plusieurs possibilités, pour la forme finale, surtout après avoir vu certaines sources de près. Et sur la manière dont s'articulent la manche et le corps. Il y a d'ailleurs sûrement plusieurs formes possibles, et plusieurs manières de monter cette manche, selon les époques, les statuts et les usages. 
En outre, je préfère avoir toutes les données en main avant de me lancer dans une réalisation qui demande quand même pas mal de boulot. Or, l'une des œuvres les plus précises quant à la manière dont sont construites ces manches n'est pas particulièrement accessible. Il faut des autorisations, se déplacer, etc. Mais avant cela, il fallait la repérer ! Et forcément ce n'est arrivé qu'après la parution du livre.

Un jour, je redessinerai tout ça, en patron, et en aspect final, en tenant compte des différentes possibilités. Un jour, je redessinerai tout ça... Oh oui.

Et sinon, il y a des options en apparence plus simples...
Le Tentateur de la cathédrale de Strasbourg, Musée de l'oeuvre Notre-Dame, Strasbourg, vers 1280.
 


samedi 26 novembre 2016

L'Alchimie des Couleurs

Exposition au Palazzo Mocenigo de Venise

Un cliché qui fait cliché. C'est cliché.
Un petit passage par Venise, pour voir une jolie expo (et pas que ça... Venise, on n'a pas le temps de s'ennuyer)
Sur les lieux.
Le Palazzo Mocenigo est un très beau palais vénitien (ça ressemble à un pléonasme, ce que j'écris...) auquel on accède par de petites ruelles. 
 
Sur le chemin...



Il y a une option plus classe : arriver par le Canale di San Stae. Mais je n'ai pas ma gondole personnelle. 
La collection permanente devrait en ravir plus d'un... Surtout dans un tel décor !


Beaucoup de costumes vénitiens du XVIIIe (dont une impressionnante collection de gilets) 
Quelques uns des gilets. Il y en a partout !

et quelques salles dédiées au parfum et à l'hygiène. 
Le défaut : manque d'explications, de dates, pour tous ces magnifiques contenants.
 Avec, ce qui fait toujours plaisir, diffusion d'un petit film documentaire sur les parfums en italien, anglais ET français ! Les fragrances sont présentées, on peut sentir. C'est joliment fait, et on apprend plein de choses.
Exemple de cartel... Pour les amateurs de parfums citronnés.



La raison de ma visite au Palazzo Mocenigo était l'exposition L'Alchimie des Couleurs Qui s'est tenue du 11 décembre 2015 au 10 avril 2016... Pour être prolongée jusqu'en septembre. Mais, maintenant, c'est trop tard. 
Réséda et deux mordants différents. Ca change tout.
 
Une petite expo très intéressante et complète pour ceux qui s'intéressent aux textiles. Présentation des matières, fibres, teintures, mordants. 

Noix de galle

Alun (mordant)

sel de chrome (mordant)


On peut toucher la soie.
 
Cochenille et...
... cochenille.

Ce que j'y ai préféré... Les comparaisons entre les différentes matières. En effet, 4 tissus différents (laine, soie, coton, lin) étaient teints dans les mêmes conditions, et présentés les uns sur les autres. Quelques exemples :


Campêche. Laine au dessus, puis soie, coton, lin.
Indigo
pastel

Evidemment, on constate au premier coup d'oeil que les tissus ne réagissent pas de la même manière. 
Le genre de démonstration passionnante pour ceux qui s'intéressent aux procédés naturels, même de loin.  Et, vu la manière dont les choses étaient présentées, c'était particulièrement didactique. 
Réséda + indigo

Cochenille

Laccifer lacca (sorte de cochenille asiatique)

Garance

Roucou

Curcuma

Réséda

Le seul défaut de l'exposition : catalogue épuisé quand j'étais sur place.